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PARTIE I
blématique, qui a conduit les acteurs industriels pharmaceutiques, les gros labora-
toires à déplacer les productions, notamment les productions de principes actifs, tou-
jours dans le même but : obtenir une marge plus importante sur le produit lorsqu’il est
commercialisé ». Dans le domaine industriel et sanitaire, une très grande entreprise
comme Sanofi, un des leaders mondiaux pharmaceutique et dans les vaccins, continue
de pousser au démantèlement de la Recherche et Développement (R&D) en France.
Cette R&D est délocalisée en Inde ou encore en Chine. Résultat : les effectifs dans le
domaine, pourtant essentiels durant la crise, ont fondu. En France, nous sommes pas-
sés de 11 centres de recherche en 2006, à seulement 4 . Soit une division quasiment
par trois . Les conséquences d’un abandon de la production en France, ici d’un point de
vue pharmaceutique, sont dramatiques : perte d’expertise interne, perte de savoir-faire,
perte de connaissance de l’ensemble de la chaîne d’un médicament (de sa recherche à
sa production), abandon d’axes thérapeutiques majeurs… tout est perdu.
2 / LA DÉSINDUSTRIALISATION DE LA FRANCE :
LES SALARIÉS SEULS FACE AUX GRANDS GROUPES
La stratégie constante de PSA :
attaquer les salariés sur leurs droits
et leurs salaires.
Jean-Pierre Mercier, Syndicaliste PSA
Délocaliser, réduire constamment le coût du travail dans l’entreprise : cette logique est
parfaitement illustrée par le groupe PSA, l’un des plus grands groupes industriels
français. Ce groupe représente 18 milliards d’euros de liquidités. En 2019, le groupe
enregistre un record de bénéfices avec 3,6 milliards d’euros. Le versement des divi-
dendes aux actionnaires a été repoussé en juin 2020. La stratégie constante de PSA a
été d’attaquer toujours plus les salariés sur leurs droits et leurs salaires, en utilisant
notamment le chantage à la délocalisation. PSA pousse les salariés en CDI dehors et
diminue sa masse salariale en France. C’est ainsi qu’avant l’épidémie, PSA lançait des
discussions dans l’entreprise sur un 3 accord de compétitivité afin de remettre en
e
cause les 35 heures, augmenter la flexibilité du travail et remettre en cause les droits
collectifs . Ce n’est que la mobilisation contre la réforme des retraites et l’épidémie de
Covid-19 qui ont ajourné ces discussions.
La désindustrialisation de la France, la désertion de l’État ont ainsi cette conséquence
immédiate : la dégradation du rapport de force des salariés vis-à-vis de l’employeur.
Or, un rapport de force toujours plus défavorable laisse le terrain libre aux grands
groupes pour organiser le départ de leurs usines du territoire national . Car il est bien
plus difficile de résister à des plans de délocalisation lorsque l’on est salarié en CDD,
plus flexible, et donc plus facile à licencier si on s’oppose à la stratégie patronale.