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                                La société a bougé avec le mouvement Metoo,

                             elle a désormais un niveau d’exigence qui a
                             augmenté (…). Macron aurait un consensus
                             politique là-dessus, la société pousse

                             et il ne se passe rien, il ne bouge pas.
                             Caroline de Haas, Nous Toutes


                     Alors que les associations réclament un milliard d’euros par an pour lutter contre les
                     violences faites aux femmes en prenant à juste titre exemple sur l’Espagne, selon
                     l’association Nous Toutes, le gouvernement d’Édouard Philippe n’y consacrait pour
                     son budget 2020 que 361,5 millions d’euros, sans augmentation par rapport à 2019. Il
                     annonçait également la création de 1 000 places d’hébergement d’urgence pour les
                     victimes, alors que la France n’en compte que 5 000. Les associations qui gèrent ma-
                     joritairement les structures et les problématiques de mise à l’abri cherchent toujours
                     désespérément ces nouveaux logements. Là encore, le HCE estimait en 2018 qu’il fallait
                     tripler cette capacité d’hébergement, évaluant le manque à 11 000 places. La non application
                     des lois existantes est également un obstacle dans la lutte contre les violences . L’arsenal
                     juridique français est globalement satisfaisant, toutefois le dispositif des ordonnances
                     de protection n’est toujours pas correctement appliqué. En Espagne, ils en délivrent 23 000
                     par an, alors qu’en France nous atteignons tout juste les 1 300. Le recours à la médiation,
                     pourtant interdit par l’article 48 de la convention d’Istanbul, ratifiée par la France, est
                     toujours utilisé par les juges aux affaires familiales. Nous souffrons également d’un
                     manque cruel de formation de l’ensemble des acteurs : forces de l’ordre, personnels de
                     l’enfance, de l’éducation, acteurs de la prévention, juges… La question des violences
                     faites aux femmes est aujourd’hui principalement déléguée aux associations . Ces
                     dernières alertent depuis des années les pouvoirs publics sur leur difficulté à obtenir
                     des financements et sur le manque de moyens et d’hébergements qui sont mis à dispo-
                     sition. Un véritable service public de lutte contre les violences faites aux femmes de-
                     vrait être mis en place avec des lignes budgétaires claires et conséquentes afin de
                     mener des politiques de prévention, de formation massive des acteurs et de mise à l’abri
                     des victimes. La crise du Covid-19 révèle d’autant plus ce manque criant de volonté
                     politique.

                     Un autre sujet est particulièrement maltraité par les logiques néolibérales : l’aide sociale
                     à l’enfance .


                                Moi, dans les foyers, j’ai vu Cindy, 14 ans,
                             se pendre, Rémi, 5 ans, être violé par un garçon
                             de 17 ans. En France, il n’y a plus assez de lits

                             d’hospitalisation en pédopsychiatrie, alors on
                             mélange les pathologies. Ça relève de la mise
                             en danger d’autrui.

                             Lyes Louffok, ancien enfant placé,
                             membre du Conseil National de la Protection de l’Enfance, reportage sur France 3
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