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PARTIE I
largement délégué au mécénat privé et aux intérêts des grandes industries culturelles,
que l’État encourage, grâce aux crédits d’impôt, par des exonérations fiscales. Aveuglés
par la recherche de la rentabilité, ces opérateurs privés fragilisent l’écosystème des
structures culturelles, en faisant fi de l’intérêt général et de l’intérêt des artistes-auteurs.
Depuis des décennies, nous assistons donc à la marchandisation de la culture, devenue
un objet de spéculation pour les uns, de consommation pour les autres, tout cela au
détriment de sa dimension de bien commun . La continuité des missions du service
public de la culture est menacée.
3 / LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX EN-
FANTS, TOUJOURS LE PARENT PAUVRE DES POLITIQUES PUBLIQUES
On n’a jamais connu de rupture en matière
de droits des femmes, cela n’a jamais été
une priorité tant du point de vue
des investissements financiers
que de l’investissement politique.
Caroline de Haas, Nous Toutes
Malgré la persistance des féminicides en France, 130 en 2017, 121 en 2018 et entre 122
et 149 en 2019, la question des violences faites aux femmes ne semble toujours pas
être prise à bras le corps par les pouvoirs publics . À grand renfort de communication,
le gouvernement d’Emmanuel Macron s’était pourtant engagé via son Grenelle des
violences faites aux femmes à en faire une priorité, mais derrière les effets d’annonce
les faits sont toujours là. Chaque année, ce ne sont pas moins de 220 000 femmes de
18 à 75 ans qui subissent des violences conjugales dont 70% des victimes qui déclarent
avoir subi des violences répétées. On estime également en moyenne que 94 000
femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou de tentatives de viol tous les
ans, soit 250 femmes par jour. 32 % des femmes subissent du harcèlement sexuel ou
des violences sexuelles sur leur lieu de travail. Par ailleurs comme le souligne le Haut
Conseil à l’Egalité : « Il est important de noter que ces estimations ne représentent que
la partie émergée de l’iceberg, car il existe un réel “chiffre noir“ des violences faites
aux femmes. En effet, toutes les violences ne sont pas déclarées par les femmes, et les
statistiques publiques sur la prévalence des violences n’incluent pas les violences
subies par les femmes de moins de 15 ans ou de plus de 75 ans, ni les femmes sans
domicile fixe ou vivant dans des institutions (maison de retraite, maison de soins,
prison, centre d’hébergement d’urgence ou de réinsertion sociale). Par ailleurs, ces
enquêtes publiques annuelles ne réalisent aucune estimation des violences psycho-
logiques, matérielles ou administratives subies par les femmes. » 10
10 / « Où est l’argent contre les violences faites aux femmes ? »,
rapport coordonné par le Haut Conseil à l’égalité, 2018.