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PREMIER TOUR DES ÉLECTIONS MUNICIPALES :
« RESTEZ CHEZ VOUS, MAIS SURTOUT N’OUBLIEZ PAS D’ALLER PARTIE I
VOTER ! »
S’il faut identifier un point de départ de C’est la première d’une longue série
« la crise du coronavirus » en France, le d’injonctions odieuses : « restez chez vous,
premier tour des élections municipales mais surtout n’oubliez pas d’aller voter ! »
est un bon marqueur temporel. Jusqu’au Dans les jours qui suivront, une forte pro-
12 mars, rien ne laisse craindre dans les portion de militants, candidats, élus seront
discours officiels, un possible danger causé atteints par le Covid-19. Dans son enquête
par le maintien des élections. À l’image de diffusée le 23 avril, Envoyé spécial, centrant
la porte-parole du gouvernement Sibeth son étude sur la ville de Saint-Ouen, esti-
Ndiaye qui explique, en substance, que mera que 20 à 50 % des assesseurs ont
le scrutin n’est pas plus dangereux que ainsi été concernés. Il y a eu tant de cas que
d’aller faire ses courses. Les interroga- des équipes municipales en seront même
tions se font jour après l’allocution du désorganisées dans les premiers jours du
chef de l’État le jeudi 12 mars au soir. C’est confinement comme en témoigne Moham-
à ce moment que l’exécutif choisit d’alerter med Gnabaly, maire de L’Ile-Saint-Denis
le pays sur la gravité de l’épidémie à venir. dans son audition. Les révélations de
Au point que plusieurs médias laissent Mme Buzyn dans Le Monde n’ont fait
entendre, avant son discours, qu’il s’apprête qu’assombrir le tableau. L’ancienne ministre
à annoncer le report des municipales, dont de la Santé expliquera avoir averti dès fin
le premier tour doit avoir lieu le dimanche. janvier le gouvernement, dont le Premier
Il n’en sera rien. ministre, sur la gravité de l’épidémie et
l’impossibilité de maintenir les élections.
Il arguera plus tard que les partis en au- Un début de crise à l’image de ce qui suivra.
raient demandé le maintien. C’est faux.
Le Premier ministre a rassemblé le jeudi
matin même les représentants des partis
mais sans jamais leur demander un avis à ce
sujet. Des voix, dès lors, se font entendre
pour s’étonner du décalage entre le dis-
cours du chef de l’État, dont on conclut
fort justement que le confinement est une
question de jours, et le maintien d’une
campagne qui, par nature, est contraire aux
règles de distanciation physique (réunion,
distribution de tract, porte-à-porte, tenue
des bureaux de vote, dépouillement). L’in-
terrogation fait place à des protestations
et des demandes d’annulation des élections
après que le samedi 14 mars le premier
ministre ait annoncé pour minuit la ferme-
ture des bars et terrasses. Plusieurs élus,
présidents de région, députés, maires,
estiment irresponsable de fermer dans
l’urgence tous ces lieux et dans le même
temps de maintenir le vote dans les bu-
reaux de vote de 35 000 communes en
conseillant juste les gestes barrières ! Et
ce alors qu’on sait le confinement immi-
nent, ce qui de facto rend tout à fait pro-
bable le report du 2 tour.
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