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        PARTIE II



                           autres étant invités à s’équiper d’un masque chirurgical. Si cette nouvelle doctrine
                           permet de pallier la pénurie de masques FFP2, elle renforce la pression sur le stock de
                           masques chirurgicaux.

                                     Les gens devraient porter tous des masques, quand on connaît
                                   la forme de propagation de ce virus c’est évident qu’on
                                   devrait tous avoir a minima des masques chirurgicaux,
                                   respecter des distanciations de beaucoup plus d’un mètre,
                                   3 ou 5 mètres c’est mieux, et les hospitaliers devraient
                                   tous avoir des masques FFP2 voire FFP3.
                                   Jean-Marc Devauchelle, Secrétaire général de la Fédération Sud Santé Sociaux

                           Face à cette pénurie, le gouvernement va faire le choix de nier l’importance d’un masque
                           pour se protéger d’une éventuelle contamination. Ainsi, le 19 mars, la porte-parole du
                           gouvernement  Sibeth Ndiaye  indique que « les masques ne sont pas nécessaires
                           quand on n’est pas malade » . Le lendemain, elle ira même jusqu’à dire que l’utilisation
                           d’un masque nécessite de connaître « des gestes techniques ».
                                     Olivier Véran a eu un discours qui a fait consensus,

                                   avec Jérôme Salomon, au début. Et puis tout d’un coup
                                   il y a eu le discours sur les masques, disant que ce n’est
                                   utile que pour les soignants. Les gens ont commencé
                                   à comprendre qu’on racontait n’importe quoi. Ce n’était
                                   pas « on n’a pas assez de masques ». Ça a été « on a ce
                                   qu’il faut ». Puis après « les masques, ce n’est pas utile,
                                   sauf pour les soignants ». C’était une faute d’avoir liquidé
                                   les stocks de masques mais c’est pire qu’une faute
                                   d’avoir menti sur les masques.
                                   André Grimaldi, Professeur émérite au centre hospitalier universitaire Pitié-Salpêtrière
                           Après le tollé suscité par ses propos, le gouvernement change de discours. Le 21 mars,
                           le ministre de la Santé Olivier Véran lance une opération de communication. Il indique
                           que l’État a engagé une commande de plus de 250 millions de masques à des fournisseurs
                           chinois. Une semaine plus tard, il annoncera même le chiffre d’un milliard de masques
                           commandés qui tournera en boucle dans les médias. Pour permettre la livraison de
                           ces masques, un pont aérien est mis en place en urgence dans le week-end des 21 et
                           22 mars. Mais un élément frappe dans la communication du gouvernement. Tout semble
                           en effet se dérouler comme si la France ne disposait d’aucune capacité autonome de
                           production des masques . Pendant plusieurs jours, des initiatives vont être prises par
                           des entreprises du textile pour reconvertir leurs chaînes de production. Mais le gouver-
                           nement, lui, n’organisera aucune réquisition des moyens de production, se contentant
                           de valoriser ici ou là quelques initiatives privées.

                                     Toute l’expérience accumulée nous ferait aller dans un tout

                                   autre sens. En phase de pandémie, il faut la réquisition
                                   de tous les moyens et que toute entreprise qui a un processus
                                   de production susceptible d’être transformé soit mobilisé
                                   dans cet objectif.
                                   Annie Thébaud-Mony, Sociologue de la santé
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