Page 72 - 1. COMMISSION COVID-G2.indd
P. 72
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
72
PARTIE II
Pour les autres, si la fiche de synthèse adressée par la préfecture a bien été renvoyée,
ils n’avaient toujours pas de nouvelles à cette date. Ajoutés à des contraintes adminis-
tratives, à une décision très tardive (le 8 mars) pour le remboursement d’un tel test, à
des difficultés de coordination entre les ARS et les laboratoires de biologie médicale,
les obstacles se sont accumulés pour disposer en France de la capacité nécessaire à
un dépistage massif . Fin avril, le ministre de la Santé indique que la France pourra
bientôt tester 300 000 personnes par semaine, alors que l’Allemagne est déjà en mesure
depuis un mois d’en effectuer plus du double.
Fin avril, le gouvernement promet 50 000 tests par jour :
c’est moins que ce que fait l’Allemagne aujourd’hui.
Christophe Prudhomme, Porte-parole des médecins urgentistes de France
Interrogé sur les capacités nécessaires à un déconfinement dans des bonnes conditions,
le ministre de la Santé et le Premier ministre fixeront un objectif de 700 000 tests en
date du 11 mai. Ce chiffre ne sera finalement, et de loin, pas atteint mais le gouvernement
fera le choix de modifier ses méthodes de calcul pour présenter une carte prétendant
que 100% des besoins en tests sont couverts.
3 / PÉNURIE DE MÉDICAMENTS, UNE CATASTROPHE DANS LA CATASTROPHE
C’est un énorme poids supplémentaire. Nous sauvons la vie
des patients Covid les plus critiques en les endormant
profondément et en les faisant respirer grâce à des machines.
Pour cela, on a recours à des médicaments anesthésiques
puissants, notamment le curare, pour que l’organisme
oppose le moins de résistance possible. Ce sont des
médicaments quotidiens, anciens, de première nécessité.
Dans mon hôpital, nous avons trois jours de stock.
Pour s’en sortir, on fait appel à la débrouille, on appelle
des collègues pour trouver des lots ici et là. Et on réfléchit
à avoir recours à d’autres médicaments, parfois abandonnés
depuis longtemps. On s’éloigne des standards de soins,
à l’aveugle. C’est vrai, on doit choisir les patients admis
dans notre service, en fonction de leur probabilité de s’en
sortir. Mais si on en venait à ne plus soigner ou à mal soigner
ceux qui peuvent s’en sortir, ce serait vraiment terrible.
Témoignage d’un réanimateur francilien dans l’Obs
Après la pénurie de lits, de personnels, de masques, de respirateurs, de tests est arrivée
l’angoisse de la pénurie de médicaments. De curare, indispensable pour relaxer les
muscles lors de l’intubation de patients. De sédatif pour les personnes en réanimation.
De morphine. D’antibiotiques. Une catastrophe dans la catastrophe.

