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                     B / UNE GESTION PAR LA PÉNURIE



                     L’absence de matériel de protection pour le personnel de santé n’est finalement qu’une
                     des illustrations de ce qui aura dominé la gestion de l’épidémie. Plutôt qu’une gestion
                     organisée et rationnelle de la bataille sanitaire, s’appuyant sur les avis scientifiques
                     pour mobiliser au mieux notre système de soins, ce sont les problèmes de pénurie et
                     d’absence de matériel ou d’équipements qui auront guidé la stratégie gouvernementale .
                                Ce n’est pas une stratégie basée sur des données de santé

                             publique, mais une stratégie imposée par la gestion
                             de la pénurie de moyens, depuis les masques jusqu’aux
                             médicaments, en passant par les lits de réanimation.

                             Christophe Prudhomme, Porte-parole des médecins urgentistes de France



                     1 / LE FIASCO DES MASQUES

                     L’élément le plus emblématique de cette gestion par la pénurie aura été celui de la
                     doctrine des masques pour la population . Comme nous l’avons détaillé dans la pre-
                     mière partie de ce rapport, la France arrive au début de l’épidémie avec des stocks de
                     masques extrêmement réduits. Ils sont passés en France de plus de deux milliards en
                     2009 à un tout petit peu plus de 100 000 à la fin de l’année 2019.

                     Début 2020, alors que le virus se répand très rapidement en Asie, la ministre de la
                     Santé Agnès Buzyn se veut rassurante . Elle indique le 24 janvier que les « risques de
                     propagation du virus dans la population française sont très faibles » . Invitée de RTL
                     le 26 janvier, elle relativise l’importance du port du masque et affirme que des « di-
                     zaines de millions de masques sont en stock en cas d’urgence » et que « tout cela est
                     parfaitement géré par les autorités ». Le 30 janvier, la Direction générale de la santé
                     demande à l’agence Santé publique France (SPF) de commander plus d’un million de
                     masques FFP2 à destination exclusive des établissements de santé. Le 7 février, une
                     nouvelle commande de 28 millions de masques FFP2 est passée. Deux semaines plus
                     tard, l’agence SPF n’a reçu que 500 000 de ses masques FFP2. Dans le même temps,
                     800 000 masques chirurgicaux ayant une date de péremption avant le 31 août 2020
                     ont été déstockés à destination de la Chine. Face au manque d’efficacité de l’agence,
                     une cellule de coordination interministérielle de logistique (CCIL) sera mise en place
                     le 4 mars pour superviser les commandes.

                                On a les chiffres nous : depuis décembre, et jusqu’au début

                             du mois de mars, il n’y a eu aucune mesure d’importation
                             de masques en France qui a été faite.
                             Olivier Balzer, Secrétaire national CGT Douanes

                     Face à ces difficultés d’approvisionnement, la doctrine change. Le 20 février, le minis-
                     tère, dans une note adressée aux établissements de santé, indiquait que tout soignant
                     pouvant se retrouver au contact d’une personne infectée devait porter un masque de
                     type FFP2. Mais début mars, s’appuyant sur une recommandation de l’Organisation
                     mondiale de la santé (OMS) ayant pour objectif de rationaliser l’utilisation du matériel
                     médical, les masques FFP2 sont réservés aux soignants chargés des soins directs, les
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