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PARTIE II
service public ou aux associations (médiathèque, maison de quartier…) en ont soudain
été coupés, à une heure où l’accès à l’information est pourtant crucial à la fois pour se
protéger, protéger les autres et pour rester en règle sur le plan légal . Sur ce plan égale-
ment, les inégalités sont particulièrement marquées selon les territoires. L’exemple
de Mayotte, où la situation est particulièrement inquiétante, permet encore une fois
d’illustrer leur ampleur. En effet, selon la Cimade, une grande partie de la population n’a
pas accès aux mesures de précaution sanitaires, à la fois parce que certains ne possèdent
ni télévision, ni radio, ni ordinateur, mais aussi parce que beaucoup ne maîtrisent pas le
français et que rien n’a été adapté pour eux. Les difficultés matérielles de ce type, et même
à échelle moindre que celle-ci, peuvent entraîner de graves prises de risque sanitaires,
des contraventions qui peuvent être extrêmement difficiles à gérer pour les plus démunis,
puisque l’amende de 135 euros représente un quart du RSA, mais aussi des soucis pour
assurer la « continuité pédagogique » pour les foyers avec enfants ou adolescents.
> Augmentation des violences conjugales et intrafamiliales
En plus du partage des tâches et de la charge mentale des femmes, les associations
de défense des droits des femmes et les acteurs de la protection de l’enfance sont
alarmées par l’augmentation des violences conjugales et intrafamiliales durant le
confinement. La fermeture des écoles supprime ce temps d’échappatoire aux vio-
lences pour les enfants victimes de maltraitance, tout en réduisant drastiquement la
possibilité pour les enseignants et le personnel de les détecter. Et la proximité perma-
nente qui résulte du confinement, le stress, l’augmentation des conflits intrafamiliaux,
sont autant de facteurs de dangers supplémentaires pour les enfants. Le même problème
se pose pour les violences conjugales, où les femmes sont enfermées en permanence
avec leur conjoint agresseur . George Arnaud de l’association martiniquaise « Culture
égalité » précise qu’« avec le confinement les violences contre les femmes se sont accen-
tuées, du fait de l’absence de moyens de transports, de la difficulté à contacter des asso-
ciations, de l’impossibilité de se confier à la pharmacie dans des petites communes, ou
simplement du fait de la présence continue du conjoint violent. » Les femmes, y compris
dans les outre-mer « cumulent gardes d’enfants, problèmes de santé, isolement, pauvreté.
Tout cela a rendu le confinement très dur. Les femmes sont véritablement épuisées. »
Fin avril, les interventions de police à domicile pour violences intrafamiliales ont aug-
menté de plus de 40% par rapport à la même période en 2019. Le dispositif « Masque 19 »,
en réponse à la hausse des violences conjugales, annoncé en grandes pompes par
Christophe Castaner n’a pas fait l’objet d’une note de service et les policiers auditionnés
disent n’avoir pas été mis au courant. Celui-ci permettait aux femmes victimes de
violences d’alerter leur pharmacien qui devait alors prendre contact avec les services de
police. De plus, le problème de manque de place en centres d’hébergement d’urgence
perdure et s’est aggravé avec la crise : il y a « embouteillage », comme nous l’a affirmé
Caroline de Haas, de l’association « Nous Toutes ». Là encore, malgré les divers élans de
solidarité, comme celui de la Fondation des Femmes ou de l’association Aurore qui
tentent actuellement de trouver des solutions de logement pour les victimes, les retards
de l’État restent trop importants et la situation trop grave pour que les associations
puissent à elles seules la compenser. Caroline de Haas nous a ainsi rappelé qu’il existe
une norme européenne de places d’hébergement d’urgence par nombre d’habitants.
La France est très en-deçà de cette norme. Et les nouvelles places ouvertes annoncées
chaque année par le gouvernement restent introuvables sur le terrain.

