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        PARTIE II



                           D /  DES TRAVAILLEURS ET DES SECTEURS

                                ABANDONNÉS PAR UN GOUVERNEMENT

                                OBSÉDÉ PAR LA CONTINUITÉ
                                ÉCONOMIQUE





                           1 /  ASSURER LA CONTINUITÉ ÉCONOMIQUE AU PRIX
                             DE LA MISE EN DANGER DES TRAVAILLEURS

                           Face à l’arrivée fulgurante du Covid-19 en France, et même dès les premiers échos de
                           la crise sanitaire en Chine, la priorité immédiate aurait évidemment dû être de protéger
                           la population et de prendre le maximum de précautions possibles. Au lieu de cela, la
                           politique  menée par nos dirigeants  et de nombreux chefs  de grandes entreprises
                           semble avoir été de prioriser la continuité économique sur la sécurité sanitaire des
                           travailleurs et travailleuses . Cette volonté a été incarnée par l’injonction contradictoire
                           consistant à exiger de la population qu’elle reste chez elle, tout en insistant pour
                           qu’on se rende au travail lorsqu’il s’avérait impossible de le poursuivre à distance.
                           Cette logique politique de priorisation de la « santé » de l’économie sur le bien-être de
                           la population est la même ayant conduit le gouvernement à accorder, dès les premières
                           heures de la crise sanitaire, près de 300 milliards de garantie d’État et 20 milliards
                           d’euros de participation sans aucune contrepartie écologique et sociale, pas même
                           l’interdiction de licenciements dans la période alors que la solution du chômage partiel
                           était disponible. « Toutes les entreprises qui auraient bénéficié de reports de charges
                           sociales ou fiscales et qui auraient versé des dividendes se verront obligées de rembourser
                           cette avance de trésorerie sur les charges sociales et fiscales avec une pénalité d’intérêt »,
                           a prévenu Bruno Le Maire vendredi 27 mars. Nous attendons toujours que cela apparaisse
                           noir sur blanc dans la loi.
                                     Ce matin, j’ai appris le décès d’un collègue qui travaillait

                                   sur le réseau de France Telecom. (…) Il y a vraiment
                                   des collègues qui sont touchés. Il n’y a pas de secret,
                                   on ne peut pas nous dire « restez chez vous » et nous faire
                                   travailler sans que ça se paie au prix fort. Or, aujourd’hui,
                                   la tentation c’est de reprendre le business.
                                   Christian Mathorel, Secrétaire Général de la CGT FATP

                           Concernant la protection des salariés et salariées, les mesures se sont révélées tardives
                           et insuffisantes. Parmi les dizaines de témoignages de salariés et de syndicalistes
                           que nous avons recueilli lors de nos auditions, un constat fait tristement l’unanimité :
                           celui du manque voire de l’absence de protection sanitaire. Qu’il s’agisse de salariés
                           travaillant dans les transports, l’industrie, la grande distribution ou les télécommuni-
                           cations, toutes et tous à leurs niveaux estiment avoir été protégés très tard et très mal
                           contre l’épidémie sur leur lieu de travail, voire même pas du tout. Surtout, ils et elles
                           constatent amèrement qu’on a fait passer leurs vies après le « business ». Jean Boeldieu,
                           de la CGT du ministère du Travail, nous a pourtant confirmé lors de son audition que
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