Page 30 - ANGOISSE
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venant de leur jardin potager, ceux qui ont mangé des conserves et il y a même
ceux qui ont dîné avec des produits bio achetés dans différents magasins. Dans
ces conditions, difficile voire quasiment impossible de trouver le point
commun entre tous ces patients.
- Si je suis votre raisonnement quelque peu empirique mais diablement
efficace Annie, cela semblerait signifier que ces troubles ne sont pas le fruit
d’une intoxication alimentaire ?
- Je ne me permettrai pas d’en tirer la moindre conclusion. Je n’ai pas la
moindre compétence en la matière.
- Ce n’est pas une question de compétence mais une question de bonne vieille
logique cartésienne. Si, sans que je puisse encore à ce stade éliminer
totalement cette hypothèse, une intoxication alimentaire ne peut pas être
incriminée dans cette crise sanitaire, c’est qu’il faut nécessairement en
rechercher la cause ailleurs.
- C’est effectivement parfaitement logique. Mais quelle cause alors ?
- Une épidémie est l’hypothèse qui me vient le plus facilement à l’esprit.
- Dites-moi Docteur, une épidémie, sauf erreur de ma part, touche bien toute
une partie de la population sans distinction de sexe ni de religion.
- Je ne vois pas ce que la religion vient faire dans cette histoire mais vous
connaissant, si vous me parlez de ça, c’est que vous avez une idée derrière la
tête, non ?
- Justement, parce que vous me connaissez bien, vous savez parfaitement que
je ne suis pas quelqu’un de raciste et qu’il ne m’est jamais venu à l’esprit de
voter pour – elle hésitait à prononcer le nom abhorré – vous savez, le parti de
cette enragée nationaliste.
- Je vais vous soulager Annie, j’ai parfaitement compris à qui vous faisiez
allusion mais je ne sais toujours pas pourquoi vous avez évoqué le terme de
religion.
- Disons que parmi les nombreux questionnaires complétés je n’en ai
pratiquement vu aucun avec des noms à consonance « arabe » alors que plus
d’un tiers de la population de la ville est composé de personnes d’origine
musulmane.
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