Page 32 - ANGOISSE
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Comme tous les jours, sans qu’il n’y ait d’exception à la règle, à 12h00
précises son Directeur de Cabinet viendrait le rejoindre afin de faire le point
sur la gestion du quotidien et le cas échéant, les urgences.
Ce 13 juin celui-ci entra avant de refermer vivement, presque brutalement,
la porte derrière lui. Ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes tant
l’homme était d’un stoïcisme de tous les instants et de toutes les épreuves.
Chacun de ses gestes coutumiers était calme, posé, mesuré comme millimétré
aussi le Ministre en fut immédiatement surpris. Son Directeur affichait en
outre un visage grave dans lequel on pouvait sentir germer le doute et
l’inquiétude.
- Que vous arrive-t-il Laurent ? Le questionna MAUREL dès lors que celui-ci fut
assis face à lui.
- Rien de personnel rassurez-vous.
- Alors si ce n’est pas personnel, c’est nécessairement professionnel et alors
dans ce cas, je dois bien entendu en être avisé.
- Vous savez à quel point je suis rationnel et cartésien ?
- Ce que je considère plutôt comme une qualité.
- Merci mais puis-je me permettre sans doute pour la première et unique fois
de vous faire une confidence ? Je tiens à vous la faire partager tant celle-ci me
bouleverse totalement. Ne vous inquiétez pas, je n’en aurai que pour quelques
toutes petites minutes.
Laurent WOGUEL, à peine sa phrase terminée fixa profondément le
Ministre, en puisant au fond de lui la force d’une telle audace, afin de recueillir
tout à la fois son assentiment et l’assurance de ne pas être jugé. Ce qu’il obtint
d’un regard.
- Cette nuit j’ai fait un cauchemar. Oui je sais, cela peut paraître ridicule de
vous parler de cela mais il ne m’arrive jamais de rêver ou du moins je ne m’en
rappelle jamais. Ce cauchemar se déroulait à l’époque actuelle. Une épidémie
frappait toute la population européenne sans qu’aucun traitement ne
permette de stopper la maladie. Un peu comme la peste noire au Moyen-âge.
Des millions d’humains, hommes, femmes, enfants, mouraient de manière
atroce. J’assistais à toutes ces scènes macabres comme si j’avais été un
spectateur. Je voulais agir pour les sauver, faire quelque chose mais c’était
impossible. L’apocalypse avait commencé. Je me suis réveillé brutalement en
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