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186 Être content de son sort
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de l’habituelle pointe de jalousie que l’on peut ressentir à la vue
se sent chanceux d’être épargné d’une telle « fortune ». Au lieu
Plus cet homme parle de ses « richesses », plus son interlocuteur
d’une telle envergure.
a eues à obtenir les ordonnances pour constituer une collection
il jubile à propos du prix de chacun d’eux, et des difficultés qu’il
La sagesse de la Torah représente une source de joie. Et cette
lui a demandé de prendre tous ces remèdes pour rester en vie ;
médicaments. Il explique d’un ton enthousiaste que son médecin
présente fièrement un assortiment impressionnant de différents
Cet individu ouvre en grand son armoire à pharmacie et
ci. Est-ce que je parviens à en faire bon usage ?
à acquérir.
réalise au mieux mes objectifs dans ce monde-
montrer à son visiteur la collection de grande valeur qu’il a réussi
Hachem m’a doté d’un esprit pour que je
Exercice
En guise d’allégorie, Rav Lopian évoque un homme désireux de
les plus simples.
Le plus riche des hommes est celui dont les plaisirs sont
Matière à réflexion
D’après nos Sages, oublier un enseignement de Torah est
D’après le Ramban, nous n’affirmons pas que les vertueux ont
nous a donné.
de la manière dont nous voyons et acceptons ce que Hachem
À la fin du Birkat HaMazon, nous disons « Dorché Hachem lo
pas de la quantité ou de la qualité de nos possessions, mais
mes besoins). » Le bonheur et la satisfaction ne dépendent
souffrances… »
L’acquisition de la sagesse n’est pas une entreprise aisée.
aurait dû vous envoyer chez quelqu’un ayant enduré de réelles
Issu d’une famille traditionnelle, Chlomo fréquenta dès son plus Volozhin ajoute qu’un homme étudiant dans la joie pendant une et de la mémoire. (Tiférét Israël, Pirké Avot 1, Boaz). Rav ‘Haïm de bonheur procuré par le limoud stimule les fonctions du cerveau joue un rôle essentiel dans l’étude de la Torah (Pirké Avot 6). Le sagesse
jeune âge une école publique religieuse. Cependant, son plus un homme désire quelque chose qu’il ne possède pas, il est progresser en dépit des chemins boueux. Malheureusement,
grand désir avait toujours été d’étudier dans une véritable yéchiva. nécessiteux, quel que soit le montant de son compte en banque. au bout d’une heure de voyage, ils furent soudain ralentis par
Lorsque l’un de ses amis s’inscrivit dans une yéchiva du quartier, En réalité, une personne prétendument riche souffre davantage la somptueuse calèche d’un noble se dirigeant dans la même
Chlomo demanda à ses parents s’il pouvait faire de même. Sa que celle qui est pauvre, car ses ambitions et ses besoins sont bien direction. Le cocher guidait ses chevaux à un rythme paisible pour
mère s’opposa à cette idée, mais Chlomo insista. Il tenta de la plus importants. Les désirs du nanti et sa soif de prestige ne sont éviter d’indisposer son aristocratique passager par des secousses
convaincre durant tout l’été, tant et si bien qu’elle finit par donner jamais comblés, car la satisfaction d’une envie ne fait que mener à trop violentes. La route étant trop étroite pour le dépasser, les
son accord. la suivante, puis à celle d’après. Comment prétendre au bonheur ‘hassidim furent contraints de ralentir et de rester derrière lui.
Chlomo ne perdit pas un seul instant. Il changea rapidement lorsque l’on est toujours en train de courir après le prochain plaisir L’un d’eux se tourna vers son compagnon et lui exprima son
ses vêtements en une tenue plus appropriée pour la yéchiva, et éphémère ? inquiétude : à un tel rythme, ils n’arriveraient jamais à Miedzibuz
pressa sa mère pour qu’elle l’emmène s’inscrire sur-le-champ. avant Chabbat. Peut-être devaient-ils retourner à l’auberge ?
Les pauvres aussi bien que les riches peuvent souffrir d’une
Lorsqu’ils arrivèrent, Chlomo gravit en dansant les escaliers
existence misérable et emplie de frustrations. N’est véritablement « Non, affirma le second ‘hassid. Hachem a fait en sorte que ce
menant à la porte du bâtiment. En voyant cet enthousiasme, le
aisé que l’individu ayant dompté ses désirs, et n’aspirant à rien noble nous ralentisse. C’est sûrement pour un bien. »
directeur fit remarquer : « Voilà un garçon qui mérite d’étudier
d’autre que ce qu’il possède réellement. Il a tout, car il ne manque Ils suivirent donc la calèche du noble en gardant une distance
dans la cour de Hachem ! »
littéralement de rien. respectueuse, tout en guettant du coin de l’œil la progression
(Otsrot Ha’Hokhma)
du soleil. Au bout de plusieurs heures de voyage à un rythme
Un homme doit apprendre à se concentrer sur ses véritables
Un ben Torah doit être toujours heureux. Il doit danser en se considérablement ralenti, ils arrivèrent sur un sentier entièrement
besoins, non sur ce que les autres possèdent. Désirer les biens et
rendant à la yéchiva, se réjouissant de l’opportunité qui lui est embouteillé de véhicules immobilisés. La carriole d’un paysan
les compétences d’autrui mène inévitablement à l’insatisfaction.
donnée de passer sa journée en étroite proximité avec la Torah. s’était cassée en raison de sa charge trop lourde, et bloquait toute
Ceux qui passent leur temps à regarder du coin de l’œil leurs
Chaque page qu’il étudie doit le combler de bonheur ; la lecture la circulation sur le chemin étroit. Il était absolument impossible
voisins et leurs collègues, ont toujours l’impression qu’il leur
de chaque mot et de chaque lettre doit intensifier son plaisir. Il est de se frayer un passage.
manque quelque chose.
bien plus simple d’étudier de manière approfondie lorsque l’on se Le noble n’eut pas la patience d’attendre. Il ordonna brutalement
penche sur les textes avec joie. Une parabole célèbre relate l’histoire d’un pauvre tailleur de à tous les hommes valides de déplacer la carriole endommagée
(Or LeTsion, pp. 135-136) pierre, qui passait ses journées à effectuer un travail éreintant sur le bas-côté de la chaussée. Les paysans n’osèrent pas discuter
et fastidieux. Un jour, alors qu’il taillait péniblement les roches avec l’aristocrate et obtempérèrent à contrecœur. En peu de
Rav Ezra Attia occupa pendant quarante-cinq ans le poste de d’une montagne, il entendit un grand brouhaha. Le roi et sa suite temps, la voie fut libre.
Roch Yéchiva de Porat Yossef, où il mit au point une technique passaient par là.
d’étude de la Torah et du Moussar spécifiquement séfarade. Dans La longue file de véhicules reprit sa route. Lors d’une bifurcation,
Le tailleur de pierres interrompit son travail et regarda les ‘hassidim furent ravis de voir la calèche du noble ainsi que
ses vieux jours, lorsque le Rav Ezra arrivait à la yéchiva, toutes ses
avec mélancolie le monarque, confortablement assis dans sa celles des autres, prendre le chemin s’éloignant de Miedzibuz. Ils
infirmités physiques se volatilisaient comme par enchantement.
170 La joie de l’étude de la Torah SIM'HA 183 178 Même cela, c’est pour un bien !