Page 14 - Grimoire de Sorcellerie et Manichéisme
P. 14
noblesse des clients que ces sorciers recevaient.
Ainsi, sorcellerie et pouvoir ont entretenu un lien
étroit.
La vision courante de la sorcellerie est elle aussi
porteuse d'un manichéisme très présent. De
sorcier à sorcière, il existe au sein de la société
quelques différences dans la considération
populaire. Les femmes étaient tenues comme
psychologiquement plus faibles que les hommes,
succombant facilement aux tentations du diable
Catherine Deshayes dite La puisque "naturellement prédisposées à faire le
Voisin
mal". Bernard de Morlay, dans son ouvrage De
contemptu feminae, la décrira même comme "le
trône de Satan". La sorcière était donc une figure "basse", adepte du mal et
pratiquant des maléfices, parfois même s'en s'en rendre compte car diabolique
par nature.
Cette misogynie ambiante facilitait grandement les accusations de sorcellerie;
la femme était aisément incriminée.
"La danse macabre des femmes", La Religieuse, la
Sorcière, Gravure sur bois, 1491
Ainsi, si dans la vision populaire, le sorcier est une figure maléfique, il exista
parfois des nuances entre sorciers du bien et sorciers du mal, qui vendaient
leur services à la population. Notons néanmoins que malgré les cas
exceptionnels, la sorcellerie conserve une image néfaste. Il ne s'agit là que
d'une conviction populaire : nombre de sorcières brûlées ne se livraient pas aux
pratiques abjectes qu'on leur a attribuées.
Page 14