Page 11 - Grimoire de Sorcellerie et Manichéisme
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du VIe siècle, où l'on peut voir la fée Morgane se métamorphoser en sorcière
"traditionnelle" au cours des livres.
En effet, elle mettra tout son savoir à anéantir Lancelot et ses chevaliers à
l'aide de potions et de maléfices. Cette vision, popularisée par l'Eglise afin de
raffermir la foi d'un peuple, perturbée par l'apparition du protestantisme de
même que par les épidémies, les famines et les guerres, est à l'origine du
temps des grandes persécutions connues sous le nom de "chasse aux sorcières".
Cette image du sorcier perdurera longtemps; si la chasse aux sorcières se
termine à la fin du XVIIe siècle grâce à l’Édit de juillet 1682 qui décriminalise
la sorcellerie, celle-ci demeure dans les esprits
comme un mal dangereux. Les grandes
découvertes scientifiques ont sans doute
contribué à ce changement de mentalité
concernant la sorcellerie, expliquant certains
phénomènes. Ce n'est qu'à l'ère du Romantisme
que la sorcellerie se trouve placée sous le signe
d'un certain héroïsme, comme le prouve le livre
La sorcière de Michelet, paru en 1862, qui
place son personnage en femme révoltée plutôt
qu’en créature malveillante. Notons cependant
la teneur anti-sorciers de ses précédents
ouvrages ; cela montre bien l’opinion oscillante
"La Sorcière", essai de Jules
Michelet, paru en 1862 des contemporains de l’époque concernant la
sorcellerie.
La réhabilitation artistique ne se popularisera réellement qu'à partir du XXe
siècle, période qui connut d'ailleurs la plus grande évolution de la mentalité
collective depuis des centaines d'années, notamment concernant le droit des
femmes. Des œuvres dénonçant les persécutions comme Arthur Miller dans sa
pièce Les Sorcières de Salem ou encore Maryse Condé avec Moi, Tituba,
sorcière...Noire de Salem commencèrent à apparaître, tentant de redorer le
blason de milliers d'innocentes. Cette disculpation fut dès lors accompagnée
d'un élan créateur popularisant l'idée des sorciers enchanteurs et
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