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Le déconfinement n’a pas mis fin à la maltraitance de ceux et de celles qui

               n’ont pas accès à des jardins privatifs. Une enquête de Reporterre souligne
               ainsi qu’au lendemain du confinement « les bivouacs en montagne restent

               interdits  en  Savoie  et  en  Haute-Savoie.  Les  parcs  urbains  et  périurbains
               sont inaccessibles dans les départements classés rouge. Et ce qui a été ré-
               autorisé dans les départements verts reste incertain : par un décret publié

               le 11 mai 2020, le gouvernement permet aux préfets de réinstaurer à tout
               moment  une  réglementation  identique  à  celle  en  vigueur  pendant  le
               confinement. »  .  Ainsi  l’orientation  autoritaire  de  la  gestion  de  la  crise
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               sanitaire  se  conjugue  avec  l’ethnocentrisme  et  les  méconnaissances  de  la
               noblesse  d’Etat  qui  fabrique  les  réglementations,  pour  pérenniser  des
               dispositifs de contrôle, sans justification sanitaire cohérente, qui accentuent

               les vulnérabilités des classes populaires.



                Des  déstabilisations  des  collectifs  privés  de  la  liberté  de  faire

                   mouvement

                   Le travail de culpabilisation des citoyens par le gouvernement est aussi
               rendu  possible  par  la  déstabilisation  des  contre-pouvoirs  et  des

               mobilisations.  Dès  le  début du  confinement,  l’action collective  aussi  a  été
               brutalement  inhibée.  Adoptée  à  marche  forcée  dans  une  atmosphère  de

               sideration  assez  générale,  la  loi  sur  l’état  d’urgence  sanitaire  entrée  en
               vigueur  le  24 mars  pour  deux  mois,  met  un  coup  d’arrêt  brutal  aux
               mobilisations  dans  l’espace  public,  en  particulier  aux  manifestations.  Ce

               coup  de  massue  juridique  intervient  au  lendemain  d’une  période
               d’effervescence  sociale  marquée  par  plusieurs  mois  de  lutte  contre  la
               réforme des retraites, par la poursuite de la mobilisation des Gilets jaunes

               et  par  les  mouvements  de  grève  dans  l’éducation,  notamment  contre  le
               « bac Blanquer ».


               La  loi  met  en  œuvre  un  arsenal  de  dispositifs  qui  paralysent  les
               mobilisations : contrôle de la population et de ses déplacements, sanction

               des  « délinquants »  présumés,  élargissement  des  pouvoirs  confiés  aux
               forces  de  l’ordre  dans  le  placement  en  garde  à  vue,  fermeture  ou
               réglementation de l’ouverture de lieux de réunion, limitation drastique des




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