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déstabilisation  vécues  comme  toujours  plus  menaçantes  à  mesure  qu’on
               descend dans l’échelle sociale.


               Peu  d’enquêtes  sont  accessibles  pour  documenter  précisément  ces

               processus.    83   Quelques  données  disponibles  soulignent  cependant
               l’accentuation de certaines pathologies physiques et psychiques du fait de la
               moindre  accessibilité  des  soins ;  la  déstabilisation  familiale  et

               l’accroissement  probable  des  séparations  conjugales  comme  en  Chine  à
               partir du déconfinement ;        la démultiplication des violences intrafamiliales
               infligées  principalement  aux  femmes  et  aux  enfants ;  l’augmentation  des

               addictions (aux jeux vidéos, à l’alcool, aux médicaments, etc) mais aussi des
               troubles  liés     au  sevrage  forcé,      provoqué  par  la  rupture  des  filières
               d’approvisionnement.


               Pour les classes populaires et les fractions basses des classes moyennes, ce

               cumul  de  précarités  est  violemment  aggravé  par  des  anticipations
               anxieuses sur l’évolution du niveau de vie perçue comme de plus en plus
               accablante. Pendant le confinement 1 actif sur 3 voit son revenu disponible

               diminuer ; de 6 à 7 millions de personnes vivent dans des foyers qui ont du
               mal  à  payer  leur  logement  ;  ouvriers,  employés  et  petits  producteurs
               indépendants sont les premiers touchés. Pour les plus pauvres, l’accès à la

               nourriture devient un problème de plus en plus aigu. Le Secours populaire
               constate  qu’« avec  l’urgence  sanitaire,  un  véritable  « tsunami »  de  la  faim
               s’est abattu sur des millions de personnes qui d’ordinaire maintiennent tant

               bien que mal leur tête hors de l’eau. » Ses bénévoles ont aidé 1,27 million de
               personnes,  entre  la  mi-mars  et  début  mai,  dont  45 %  de  nouvelles

               demandes.
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               Loin  des  visions  enchantées  célébrant  les  vertus  libératrices  du

               confinement - qui « libère » en fait surtout les peu ou les moins dominés – il
               faut  prendre  acte  que  l’état  d’urgence  sanitaire  durcit  les  oppressions
               subies par les plus dominés. Dans les foyers surpeuplés, dans les Centres de

               rétention, dans les prisons il faut faire face à la fois au virus qui se propage
               et à la violence répressive. Pour les sans-papiers, sans droits, sans revenus,


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                  Depuis le 23 mars, l’agence sanitaire Santé publique France (SPF) en lien avec l’institut de sondage BVA a lancé l’enquête
               CoviPrev  qui  couvrent  les  thématiques  suivantes  :  santé  mentale,  adoption  des  mesures  de  protection,  addictions,
               alimentation et activité sportive.
               https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/covid-19-une-enquete-pour-suivre-l-evolution-des-
               comportements-et-de-la-sante-mentale-pendant-le-confinement#block-249162
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                 https://www.secourspopulaire.fr/confinement-faim-tsunami-urgence-repas-alimentaire
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