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publics de santé dépecés par l’austérité, des EhPad privatisés responsables
de milliers de morts, de l’absence de planification (masques, tests, gants,
appareils de réanimation, gels), ont remis l’Etat au centre du débat politique
y compris chez les écologistes. Que ce soit un Etat non Etat (pour Marx dans
la Guerre civile en France), ou un Etat issu du confédéralisme démocratique
selon Murray Boochkin, ou d’un Etat providence chère à la gauche
keynésienne, ce retour de l’Etat doit ne plus être tabou dans la pensée
écologiste.
Le danger de la réponse uniquement localiste, c’est le séparatisme social qui
pourrait en découler. Les militants les plus ancrés s’enfermant dans une
auto organisation sociale limitée à des zones d’autodéfense de la population
sans saisir qu’une grande majorité de la population reste en dehors de ces
tentatives. Il s’agit dès lors de concevoir une articulation entre des
communes, des ZAD, des alternatives auto-organisées et un rassemblement
majoritaire qui ne s’empare pas de l’Etat comme on prend un château fort,
mais qui par le rapport de force social et politique institué en amont,
l’oblige à transformer ses fonctions et ses objectifs, le contamine de
l’intérieur. C’est ce métissage entre mouvement social et rassemblement
politique qui a permis chaque grande avancée sociale en 1936, comme en
1945, après 1968, comme après 1995. Nous avons une urgence, celle d’unir
le camp de l’écologie de rupture pour rassembler les gauches sociales,
syndicales, associatives et le mouvement afin d’anticiper et créer les
conditions de la prochaine échéance qui nous attend, le combat pour la
justice climatique mondiale.
Ce combat ne peut pas seulement se mener dans le cadre franco-français ni
même dans celui dans celui de l’espace européen. Il est celui de la
communauté humaine placé par le capitalocène devant le dilemme :
écologie ou barbarie. Ce combat n’est pas celui du souverainisme national
ni d’une écologie libérale qui sont les deux faces d’un capitalisme du
désastre annoncé. Il est celui d’une souveraineté populaire nouvelle, la
souveraineté écologique.
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