Page 64 - LNVF
P. 64

rassemblements. Initialement présentée comme étant d’exception, cette loi
               qui  interdit  notamment  les  rassemblements  excédant  10  personnes  est

               ensuite  prorogée  jusqu’au  10 juillet  2020  inclus.  Dès  le  premier  jour  de
               déconfinement, le 11 mai, les premières actions militantes sont réprimées à

               coup  de  contraventions  et  de  gardes  à  vue,  comme  à  Marseille  où  cinq
               personnes sont arrêtées après avoir participé à un «déconfilé» organisé par
               l'organisation écologiste Extinction Rebellion sur la Canebière.


               Cet  arsenal  disciplinaire  qui  déstabilise  l’action  collective  et  la  vie  des
               organisations,  est  redoublé  par  l’autorisation  donnée  au  gouvernement

               jusqu'au 31 décembre 2020 de légiférer par ordonnances, c’est-à-dire sans
               véritable  débat  parlementaire,  et  de  modifier  en  particulier  des  règles
               essentielles du Code du travail et du Code de la Sécurité sociale.


               L’exécutif tire ainsi profit de la neutralisation partielle des mobilisations et

               des contre-pouvoirs, syndicaux notamment, pour attaquer brutalement le
               droit du travail. Les réactions collectives sont alors sans commune mesure
               avec  l’ampleur  de  l’offensive  conduite  contre  les  règles  qui  encadrent  le

               temps  de  travail.  Réfugiée  dans  les  réseaux  sociaux,  la  contestation  a
               quasiment disparu de la rue, les grèves se sont momentanément effondrées,
               comme jamais sans doute depuis le régime de Vichy.


               Au  final,  la  coagulation  de  précarisations  multiples  et  cumulatives,  de
               fragmentation de la vie collective, de dispositifs de contrôle et de sanction

               policiers,  de  neutralisation  des  contre-pouvoirs,  de  propagande  officielle
               qui nourrit les peurs et les instrumentalise, a inhibé l’action collective, ou, a

               minima, l’a mise en jachère dans l’attente de temps meilleurs.



               Une séquence de synchronisation de crises du capitalisme

               où s’exacerbent des risques et des insécurités multiples


               Les  classes  populaires  et  moyennes  ont  des  raisons  bien  fondées  de  se
               sentir  menacées  par  les  mutations  en  cours.  Elles  sont  de  fait  les  plus

               exposées aux dérèglements sanitaires et écologiques que la dynamique du
               capitalisme provoque.  Dans le même temps, la pandémie catalyse une crise
               économique  et  financière  qui  met  objectivement  en  danger  le  monde  du

               travail  de  plus  en  plus  précarisé  tandis  que  les  Etats  néolibéraux  et  les

                                                           64
   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69