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rassemblements. Initialement présentée comme étant d’exception, cette loi
qui interdit notamment les rassemblements excédant 10 personnes est
ensuite prorogée jusqu’au 10 juillet 2020 inclus. Dès le premier jour de
déconfinement, le 11 mai, les premières actions militantes sont réprimées à
coup de contraventions et de gardes à vue, comme à Marseille où cinq
personnes sont arrêtées après avoir participé à un «déconfilé» organisé par
l'organisation écologiste Extinction Rebellion sur la Canebière.
Cet arsenal disciplinaire qui déstabilise l’action collective et la vie des
organisations, est redoublé par l’autorisation donnée au gouvernement
jusqu'au 31 décembre 2020 de légiférer par ordonnances, c’est-à-dire sans
véritable débat parlementaire, et de modifier en particulier des règles
essentielles du Code du travail et du Code de la Sécurité sociale.
L’exécutif tire ainsi profit de la neutralisation partielle des mobilisations et
des contre-pouvoirs, syndicaux notamment, pour attaquer brutalement le
droit du travail. Les réactions collectives sont alors sans commune mesure
avec l’ampleur de l’offensive conduite contre les règles qui encadrent le
temps de travail. Réfugiée dans les réseaux sociaux, la contestation a
quasiment disparu de la rue, les grèves se sont momentanément effondrées,
comme jamais sans doute depuis le régime de Vichy.
Au final, la coagulation de précarisations multiples et cumulatives, de
fragmentation de la vie collective, de dispositifs de contrôle et de sanction
policiers, de neutralisation des contre-pouvoirs, de propagande officielle
qui nourrit les peurs et les instrumentalise, a inhibé l’action collective, ou, a
minima, l’a mise en jachère dans l’attente de temps meilleurs.
Une séquence de synchronisation de crises du capitalisme
où s’exacerbent des risques et des insécurités multiples
Les classes populaires et moyennes ont des raisons bien fondées de se
sentir menacées par les mutations en cours. Elles sont de fait les plus
exposées aux dérèglements sanitaires et écologiques que la dynamique du
capitalisme provoque. Dans le même temps, la pandémie catalyse une crise
économique et financière qui met objectivement en danger le monde du
travail de plus en plus précarisé tandis que les Etats néolibéraux et les
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