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de valeur » qui a paralysé une partie des activités industrielles conjugué à
l’arrêt prolongé de l’activité dans de nombreux secteurs et à l’effondrement
de la consommation des ménages, font déjà flamber le chômage et
engendrent des licenciements et des faillites d’entreprise de plus en plus
nombreux qui joueront négativement sur l’évolution à moyen terme de la
demande au risque de plonger la production dans une spirale récessive.
Le scénario de « courbe en V » d’une récession de quelques mois suivie
d’une reprise vigoureuse que les dirigeants d’entreprise espéraient, n’est
plus crédible aujourd’hui. La pandémie est loin d’être contenue et
l’incertitude radicale qui pèse sur l'issue de la crise sanitaire inhibe les
décisions d’investissement des entreprises et décourage les achats de
logements par les ménages. Le fléchissement de l’activité provoqué par le
blocage partiel d’une partie de l’appareil productif s’accompagne d’une
contraction durable de la demande des ménages. En France, la progression
remarquée de 20 milliards d’euros sur les livrets A au mois de mars 2020,
dit l’inquiétude des ménages populaires ou moyens qui renforcent leur
épargne de précaution.
La dépense rapide de l’épargne forcée durant le confinement, devient de
plus en plus improbable, d’autant que certains services aux particuliers non
consommés depuis plusieurs mois - dans les cafés, les restaurants, les salles
de spectacle, les salons de coiffure …- sont définitivement « perdus ». Dans
ces conditions, une forte reprise de la croissance à très court terme dopée
par la consommation différée des ménages n’est pas à l’ordre du jour.
Le tout à fait contestable indicateur du PIB a cependant un mérite, celui de
donner à voir l’intensité de cette crise majeure du capitalisme. Même si la
pandémie de Covid-19 recule au second semestre de cette année, le produit
intérieur brut (PIB) mondial baissera de 3 % en 2020, et peut-être plus
encore en 2021 selon le Fonds monétaire international (FMI). La
dépression serait encore plus brutale dans la zone euro (- 7,5 %), aux Etats-
Unis (- 5,9 %) en Amérique latine et dans l’Afrique subsaharienne. Seuls les
pays émergents d’Asie auraient une croissance très fortement ralentie mais
encore positive. En France, selon l’Observatoire français des conjonctures
économiques (OFCE), les huit semaines de confinement (du 17 mars au
10 mai) vont à elles seules, réduire de 5 points le produit intérieur brut
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