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Les interventions massives de la BCE poursuivent donc le triple objectif de
contenir l’effondrement de la production et des profits qu’elle génère,
d’assurer le système bancaire contre le risque de défaut de paiement et de
prévenir les risques d’implosion de l’euro. Mais les décisions monétaires
non conventionnelles et le relâchement du carcan budgétaire n’engagent
aucune rupture avec l’orientation à plus long terme des politiques
économiques d’austérité promues par les institutions néolibérales.
D’ailleurs les textes qui encadrent les politiques économiques nationales
permettent à un Etat de déroger temporairement au Pacte de stabilité
européen (TSCG) en cas de « circonstances exceptionnelles ». L’article 3 du
Pacte de stabilité précise d’ailleurs que pour un Etat de la zone euro,
« l’écart temporaire … (ne doit pas) mettre en péril sa soutenabilité
budgétaire à moyen terme ». En orientant principalement sa politique
monétaire sur le rachat de montagnes de dettes privées et publiques aux
banques commerciales, la BCE protège les banques et les entreprises
privées et met les Etats endettés sous perfusion tout en conservant
l’essentiel du cadre qui, à terme, va de nouveau enserrer étroitement les
politiques économiques nationales.
Poussée historique du chômage, élimination des producteurs
indépendants, précarisation accrue du monde du travail
L’essor fulgurant du chômage un peu partout dans le monde donne à voir
l’ampleur de la grande dépression annoncée. Aux Etats-Unis le nombre de
nouveaux demandeurs d'allocations chômage augmente en moyenne de
près de 5 millions par semaine depuis la mi-mars 2020, soit plus de 33
millions de chômeurs en plus en cumul sur sept semaines. À la mi-mai le
taux de chômage y a déjà égalé celui de la Grande dépression dans les
années 1930. En France l’envol du chômage a provisoirement ralenti par
les effets stabilisateurs de l’emploi public et par les mesures massives de
chômage partiel. Malgré ces amortisseurs de crise, les demandes
d’inscriptions à Pole emploi ont fait un bon historique depuis la fin janvier
2020 avec plus d’un million demandeurs d’emploi sans activité de plus dans
la catégorie A. 87 Pendant le confinement, le nombre de non-
87
Cette progression fulgurante des chômeurs de catégorie A, est très liée à la plus grande précarité des précaires : nombre
de ceux et celles qui exerçaient une activité réduite (missions, temps partiel, etc.) dans des secteurs mis à l’arrêt (hôtellerie-
restauration, bâtiment, métiers du spectacle) n’ont plus eu accès aux CDD et aux contrats d’intérim et ont donc changé de
catégorie dans la classification de Pôle emploi.
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