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Les grandes surfaces sont restées ouvertes et ont été autorisées à maintenir
la vente de biens et de service non essentiels. De même, les grands groupes
de la distribution - Darty, Fnac ou Decathlon - ont également tiré profit de
leur avantage comparatif en matière de services de commerce en ligne qui
leur permettent de répondre à la demande de leurs clients.
La destabilisation des indépendants s’annonce particulièrement violente
dans les métiers liés à la production et à la diffusion des biens culturels. Les
maisons d’édition indépendantes sont menacées et avec elles les
professions de libraires, auteurs, correcteurs, maquettistes, imprimeurs,
illustrateurs, etc. Dans la chaine du livre, la vulnérablité des libraires
indépendants a été accrue par la distorsion de concurrence durant le
confinement où les grandes surfaces et Amazon ont augmenté leur part de
marché. Intermittents et indépendants du spectacle sont également
violemment précarisés quand, dans le même temps, des plateformes de
streaming voient leur nombre d’abonnés et le cours de leurs actions
exploser.
Une stratégie libérale-sécuritaire d’instrumentalisation des
risques visant à défaire les protections collectives
Réalisons ici un point d’étape. En France, mais sans doute aussi ailleurs,
l’organisation autoritaire et anxiogène du confinement des classes
populaires et moyennes, a diffusé un profond sentiment d’insécurité lié à
des précarisations multiples et cumulatives, à la fragmentation de la vie
collective, à la banalisation des dispositifs de contrôle et de sanction
policier, à la neutralisation des contre-pouvoirs, à la propagande officielle
moralisatrice, infantilisante et culpabilisante, etc.
Cette expérience disciplinaire menée à grande échelle s’est déployée dans
un contexte où les classes populaires et moyennes ont des raisons bien
fondées de se sentir directement menacées et par la crise sanitaire, et par
l’explosion en cours du chômage et de la précarité.
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