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L’épidémie du Covid 19 fait ainsi éclater les contradictions structurelles du
capitalisme néolibéral qui à la fois crée les conditions de la diffusion de la
pandémie et des pandémies à venir – par la déforestation, l’expansion
urbaine et l’intensification des flux d’échanges – et ruine les possibilités d’y
faire face à l’instar des pays tels que la France frappés par le manque de
ressources matérielles indispensables pour endiguer l’expansion et la
létalité de la maladie – masques, gels, respirateurs, … - et la pénurie de
moyens humains à l’hôpital, dans les Ehpad et dans le travail de prévention
sur le terrain.
Malgré les progrès immenses accomplis, tant sur le plan des connaissances
et des technologies permettant de faire face aux grandes vagues
épidémiques qui ont décimé les populations au cours des siècles, de
grandes puissances économiques sous l’emprise de la « modernité »
néolibérale en sont ainsi réduites à réactiver dans l’urgence le répertoire
moyenâgeux du confinement de masse.
Cet échec absolu des politiques néolibérales en matière de santé démontre
l’inanité des théories qui célèbrent l’efficacité des mécanismes de marché et
stigmatisent l’Etat social, perçu comme contre-productif parce que soustrait
aux bienfaits supposés de la concurrence de tous contre tous. Au plan
économique, la pandémie fait également éclater les contradictions d’un
système lui-même aveuglé par sa recherche frénétique de profits,
notamment financiers, qui en vient à agir contre ses propres intérêts en
créant les conditions de l’effondrement - sur courte période ? - de la
production et donc de la plus-value qu’il extorque au monde du travail.
Ces contradictions multiples du capitalisme contemporain sont
particulièrement exacerbées là où les pouvoirs politiques en place sont les
plus tenus par des transactions étroites nouées avec les technocraties
néolibérales qui oeuvrent au sein des « grands » ministères ainsi placés
sous l’influence directe du grand patronat et des grands groupes financiers.
Les oscillations chaotiques de la politique gouvernementale française dans
la gestion de la crise sanitaire illustrent ces tensions et inhibitions qui
traversent un Président tenaillé par l’obligation politique de contenir une
épidémie dont il n’a pas voulu voir assez tôt la gravité et l’impératif de ne
pas nuire à la noblesse d’Etat et aux dirigeants de grandes entreprises qui
l’ont fait roi.
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