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gouvernemental en gestation qui, sous couvert d’union nationale, pourrait
intégrer un personnel politique venu de la droite tout en confiant des
postes à des « personnalités » identifiées comme « environnementalistes ».
La modernité de cette entreprise se situe précisément dans la tentative de
cimenter les intérêts des dominants autour d’une idéologie libérale-
sécuritaire qui se veut durablement ajustée à une époque tourmentée par
l’imminence de la catastrophe écologique généralisée.
L’épée de Damoclès de la dette pour imposer l’austérité
Depuis le début de la crise, les politiques monétaires non conventionnelles
arrêtées n’ont pas levé le tabou qui interdit à la BCE de financer
directement les Etats en achetant directement les « bons du trésor » qu’ils
émettent et de transformer les titres publics à 3, 5 ou 10 ans qu’elle détient
en une dette dite « perpétuelle », c’est à dire une dette qui ne sera jamais
remboursée. Ce dispositif qui permettrait à la fois de mutualiser le
financement des Etats de la zone euro tout en annulant une bonne partie de
leur dette, n’est pas (encore ?) à l’ordre du jour. La BCE, sous la pression
notamment des intérêts dominants dans les pays d’Europe du Nord et des
marchés financiers qui auraient beaucoup à perdre en cas de retour de
l’inflation, se refuse toujours à apporter des concours directs au Trésor,
c’est-à-dire à financer directement les Etats par création monétaire. La
perspective d’annulations massives de dettes publiques n’est pas non plus
envisagée ouvertement. Les rapports de force internes à l’Union
européenne ont dans un premier temps fait échouer les tentatives de
création d’emprunts européens – « coronabonds » ou eurobonds – qui
permettraient aux Etats les plus endettés – l’Italie et l’Espagne notamment –
de se financer sur les marchés financiers tout en se protégeant des attaques
spéculatives grâce à ces emprunts mutualisés. Mais ces emprunts en
commun conduiraient mécaniquement à mutualiser les taux d’intérêt au
risque de renchérir le coût de la dette des Etats dominants de l’UE qui
empruntent actuellement à taux négatifs.
Dans un contexte de dépression longue et de moindres rentrées fiscales
comment les Etats les plus endettés de la zone euro pourront-ils alors
réduire leur dette publique ? La création monétaire leur est interdite.
L’annulation officielle d’une partie de leurs dettes n’est pas ouvertement
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