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Le maraîchage Accompagner
reprend racine dans la
métropole toulousaine
La Plaine des Quinze sols est une des dernières zones maraîchères de l’agglomération
toulousaine. Depuis plusieurs années, de plus en plus de maraichers arrêteraient leur
activité, soumis à l’absence de reprise familiale. Face à ce constat, la ville de Blagnac et le
Conseil départemental de Haute-Garonne ont lancé un grand projet de requalification des
terres.
’accès au foncier est une problématique phare du dé- (Marché d’Intérêt National), sauf une exploitation biologique
partement de Haute-Garonne, et encore plus dans les de réinsertion (Arche en pays Toulousain [1]) qui a développé la
Lzones périurbaines. Dans ce contexte, la commune de commercialisation en vente directe, en particulier sur Blagnac
Blagnac (métropole de Toulouse) a œuvré pour que la Plaine (marchés, cantines collectives...).
des Quinze Sols maintienne une vocation agricole, en limitant
au maximum la déprise rurale et l’artificialisation des terres. Laurence Espagnacq, chargée de mission maraîchage horticul-
ture à la Chambre d’agriculture de Haute-Garonne, témoigne :
Une des dernières zones maraîchères « C’était une zone agricole, d’abord céréalière qui est devenue
maraîchère avec des producteurs en conventionnel qui culti-
La plaine dite « Quinze Sols » s’étend sur 250 ha dont 135 culti- vaient majoritairement des légumes de plein champ et commer-
vables (30 % en grandes cultures et 50 % en maraîchage, le reste cialisaient via le MIN. La zone est ensuite devenue très urbaine, et
étant des friches et bois). Le nom des « Quinze Sols » provient il est resté un îlot vert au milieu de cette urbanisation. Cette zone
de l’après Révolution Française : on pouvait y acheter un petit possède de nombreux avantages pour le maraîchage : proxi-
terrain agricole bon marché (15 sols) dans un souci de redistri- mité du bassin de consommation de Toulouse, qualités pédolo-
bution des terres. Ces champs étaient alors considérés comme giques des sols très intéressantes pour les légumes avec des sols
assez fertiles, car situés en bordure de la Garonne. Pourtant, ils drainants, mise à disposition de terrains à moindre coût par la
ont été peu à peu abandonnés par les maraîchers pour cause Mairie de Blagnac… En revanche, des inconvénients sont égale-
d’absence de reprise et des contraintes liées au classement ment présents, avec une agglomération proche et donc beaucoup
« inondable » de la zone qui limite la construction d’abris serre de circulation. Il y a aussi des problèmes techniques à résoudre
et interdit la construction de hangars agricoles. comme le système d’irrigation qui a été pensé pour des cultures de
plein champ. En effet, le réseau d’eau est ouvert uniquement d’avril
80 % de la production vendue au MIN à septembre et les débits sont trop importants pour du maraî-
chage sous serres. Il y a aussi le problème de la non-disponibilité
En 2018, 7 maraîchers étaient encore en activité (mais proches de hangars pour stocker le matériel. Enfin, comme c’est une aire
de la retraite sans projet de reprise pour la plupart) pour 66 ha protégée, on n’a pas le droit d’y construire sa maison d’habitation,
et 2 céréaliculteurs étaient présents pour 22 ha.
Ces exploitations, pour la plupart en maraîchage de plein
champ, livrent 80 % de leur production sur le MIN de Toulouse (1) archepaystoulousain.org/
Camille Dumas - Licence Creative Commons au milieu de l’urbanisation toulousaine.
« Les Quinze Sols », un ilot vert
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Travaux Innovations numéro 266 - mars 2020 11