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             Où sont les femmes cinéastes africaines ?


             Haile Gerima


                 our ceux d'entre vous qui s'interrogent sur le titre de mon article, « Où
             P  sont les réalisatrices africaines » ? Ne vous sentez pas seuls, rejoignez-
              moi. Moi-même, jusqu'à cet instant, j'ai continué à me poser des questions
              sur cette dangereuse mission. Ma seule excuse est que j'ai été interpelé par
              un appel téléphonique longue distance, malgré mes nombreuses tentatives
              de me disqualifier pour plusieurs raisons, dont la santé. Après avoir réfléchi
               à haute voix pendant des jours, j'ai finalement décidé de relever le défi et
              d'examiner le sujet non pas, d'un point de vue académique, mais d'un point
                de vue personnel, en utilisant ma propre vie comme point de départ. J'ai
              pensé que la seule voie honnête que je pouvais suivre était de me demander
              et d'explorer pourquoi je voulais aspirer à devenir cinéaste, et non mes
             sœurs qui sont, après tout, de meilleures conteuses que moi.

                       L'introduction du cinéma en Afrique se fait au milieu de deux
             systèmes sociaux contradictoires : le féodalisme et le néocolonialisme. Ces
             deux systèmes sociaux ont apporté avec eux leurs propres versions du rôle
             des femmes dans la société. Dans le domaine de la communication, le féo-
             dalisme, pour son propre avantage, a fait participer les femmes en tant que
             conteuses afin de transmettre une valeur donnée. Les femmes étaient, dans
             l'ensemble, les gardiennes et les dépositaires des histoires qui transmettaient
             les valeurs philosophiques de base et fondamentales aux jeunes générations
             attentives, leur enseignant un système de valeurs impliquant des universaux
             tels que le bien et le mal, l'amour et la haine, les héros et héroïnes my-
             thiques, les funérailles, les mariages, les naissances, etc. de l'ordre social.

                       Lorsque le néocolonialisme est apparu, il a apporté avec lui le
             cinéma pour qu'il soit utilisé comme outil et agent de domination culturelle
             néocoloniale. Il a renversé les femmes en tant que conteuses et a recruté
             des hommes coloniaux et néocoloniaux pour les remplacer, en tant qu'agents
             du néocolonialisme.

                       Le cinéma en tant que moyen de raconter des histoires est, par
             nature puissamment dominateur. On peut dire qu'il a ouvert une ère de dic-
             tature du cinéma dans les communications de masse. Lorsque le cinéma est
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