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             nonce comme un commentaire polémique sur la façon dont les choses sont
             dans leur reflet « naturel ».
                     Les films, par conséquent, dans leur point de vue et leurs choix sty-
             listiques, sont structurés pour évoquer une certaine idéologie dans leur pro-
             duction. Une conséquence de ceci, tout à fait logique, est leur utilisation
             différente des conventions du temps et de l'espace au cinéma.

             Conclusion
                     La concentration spatiale et l'utilisation minimale des conventions
             de manipulation temporelle dans la pratique cinématographique du tiers-
             monde suggèrent que le cinéma du tiers-monde amorce une coexistence de
             l'art cinématographique avec les traditions orales. La non-linéarité, la répé-
             tition des images et la représentation graphique ont beaucoup en commun
             avec les coutumes populaires. La durée, bien qu'essentielle, n'est pas le pro-
             blème majeur car, dans le contexte du tiers monde, il faut que les films,
             dans leur contexte, touchent une corde sensible de la culture d'une société.
             Pour y parvenir, une réorganisation générale des paramètres de la forme du
             film est nécessaire. Si la réorganisation est réussie et suffisamment radicale,
             il faudrait repenser les canons critiques et théoriques du cinéma, ce qui
             conduirait à une reconsidération des conventions du langage et de la tech-
             nique cinématographique. Le résultat final tendrait vers une déclaration que
             James Potts dans son article « Existe-t-il un langage cinématographique
             international »?
                     Ainsi, loin de l'existence d'une langue internationale du cinéma,
             d'une charte de conventions et de règles grammaticales internationalement
             reconnues par les Nations Unies, nous risquons d'être confrontés, tout à
             coup, à une nouvelle école nationale de cinéma, qui peut être presque tota-
             lement épargnée par les conventions européennes et qui nous obligera à re-
             venir à la case départ dans notre réflexion sur les principes et la langue du
             cinéma  ».
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                     Les cinéastes du tiers monde commencent à produire des films qui
             tentent de restructurer les pratiques cinématographiques acceptées. Il est
             désormais tout à fait possible que les remarques perspicaces de James Potts
             se réalisent, et c'est en prévision de l'émergence de la nouvelle école natio-
             nale de cinéma... non touchée par les conventions européennes" que cet ar-
             ticle a été rédigé.
                     D'ores et déjà, certaines réactions des critiques de cinéma peuvent
             être considérées comme un signe de cette émergence. Par exemple, on re-
             proche généralement aux films du tiers-monde d'être trop graphiques. Ce
             facteur spatial s'inscrit dans un rythme général de représentation picturale
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