Page 86 - Livre2_NC
P. 86

Femi Okiremuete Shaka / La politique de conversion culturelle   77

            4) les cinémas qui ignorent Hollywood, un exploit géré par peu de gens;
             5) les cinémas anglophones qui essaient de battre Hollywood à son propre jeu;
            6) les cinémas qui travaillent au sein d'une industrie entièrement contrôlée par
            l'État et souvent largement subventionnée par l'État ;
            7) les cinémas régionaux ou nationaux dont la culture et/ou la langue prennent
            leurs distances par rapport à l'État-nation qui les entoure  .
                                                           13

                   Tout en admettant que plusieurs de ces catégories se recoupent,
          Crofts met en évidence les complexités géopolitiques, culturelles et éco-
         nomiques qui sous-tendent le concept, ainsi que les stratégies adoptées par
         des nations individuelles, voire des groupes ethniques ou des régions au
         sein d'une même nation, en réponse à la domination hégémonique du ci-
         néma mondial par Hollywood. Ce qui ressort particulièrement de son arti-
         cle, c'est le fait que chaque nation, à l'exception des États-Unis d'Amérique,
          est engagée dans des stratégies de survie visant à préserver leurs cinémas
          nationaux contre l'assaut économique et culturel d'Hollywood.

                   Dans une  situation où les  anciennes  puissances coloniales et
         leurs anciennes colonies sont engagées dans la même lutte pour la survie
         ou le développement de leurs cinémas nationaux, il est naïf de s'attendre à
         ce que les anciennes puissances coloniales africaines aident à développer
         l'industrie cinématographique en Afrique alors que la réalité suggère qu'elles
         ont besoin du marché africain, en supposant qu'elles puissent l'arracher à
         l'emprise ferme d'Hollywood, pour soutenir leurs cinémas nationaux. Ce
         que la plupart des théoriciens et des historiens du cinéma africain ne recon-
         naissent pas, c'est que les appels au transfert de technologies industrielles,
         qu'elles soient cinématographiques ou autres, de l'Europe ou d'ailleurs vers
         l'Afrique sont des exercices futiles. C'est comme si vous suppliiez le pro-
         priétaire  d'un  magasin de quartier de  vous aider à installer un magasin
         concurrent dans sa rue. Pour mettre fin à l'embarras de tels exercices, les
         gouvernements du continent devraient suivre l'exemple d'autres économies
         en développement en créant des agences pour le financement des produc-
         teurs de films indépendants, en protégeant et en finançant leurs cinémas na-
         tionaux par le contrôle de la distribution des films et la construction de salles
         de cinéma dans les zones urbaines et rurales, en particulier dans les pays
         où les hommes d'affaires locaux n'ont montré aucun intérêt pour le déve-
         loppement du sous-secteur cinématographique de l'économie nationale.

                   Dans les pays où des hommes et des femmes d'affaires autoch-
         tones et/ou étrangers possèdent ou gèrent déjà des salles de cinéma, il fau-
         drait les obliger à inclure tous les films produits localement dans leurs
   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91