Page 279 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France     Lutter contre l'alcoolisation aiguë et chronique



                   l’alcool. Il est surprenant que des organismes créés et financés par
                   l’État, pour se pencher en priorité sur les problèmes auxquels notre
                   société est confrontée, n’incluent pas, en tout premier rang, les
                   méfaits de l’alcool. Simultanément, un autre organisme, l’Institut
                   National de la Recherche Agronomique (INRA), ne manque pas
                   d’accorder sa sollicitude à la vigne. Cherchez l’erreur ! Pour la
                   trouver suggérons, en toute hypothèse, le poids du lobby alcoolier
                   et son influence pesante sur les députés et sénateurs.
                      Une large part des ressources tirées de l’augmentation du prix
                   des alcools devrait être consacrée à des campagnes de mise en
                   garde contre le piège de l’alcool. Elles s’appliqueraient à relativiser
                   l’allégation  de ses effets protecteurs  sur les maladies cardio-
                   vasculaires. À cet égard, les charmes discrets des polyphénols,
                   dont le resvératrol du vin rouge, pourraient être mobilisés sous
                   forme de gélules, et donc en l’absence d’alcool.  D’ailleurs, si
                   ces effets protecteurs allégués pour l’appareil  cardio-vasculaire
                   peuvent avoir quelque pertinence chez un senior, ils en sont dénués
                   chez les sujets jeunes ; c’est pourtant surtout eux qui les invoquent
                   quand on leur dépeint les méfaits de l’alcool.
                      Pour la conduite automobile, si le plafond toléré d’alcoolémie
                   devait rester à 0,50 g/L, afin de préserver notre gastronomie, notre
                   filière viticole, notre tourisme…, on devrait instaurer la tolérance
                   zéro chez les jeunes titulaires du permis de conduire, qui apposent
                   sur la vitre arrière de leur véhicule  la lettre  A (l’abréviation
                   d’Apprenti devenant celle d’Abstinent). Cette disposition aurait
                   un intérêt pédagogique ; en ce qu’elle conditionnerait précocement
                   au précepte  «  boire ou conduire, il faut choisir  ». On pourrait
                   espérer,  cette  habitude  étant  prise,  que  la  tempérance  persiste
                   (très) au-delà de la période « de probation ». De plus, c’est souvent
                   l’âge  auquel  la  consommation  d’alcool,  faible,  voire  nulle,  n’a
                   pas encore induit les enzymes d’inactivation de l’alcool, ce qui
                   détermine une sensibilité maximale à ses effets enivrants. Dans
                   ces conditions, une faible consommation d’alcool peut susciter
                   chez de jeunes consommateurs un état qu’un ami exprimait « si on
                   lui frottait le bas du dos avec une pomme à cidre, il/elle chanterait
                   la Marseillaise ».


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