Page 69 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Immersion dans l’alcool
s’agit en l’occurrence de grands malades. S’ils s’avisaient de
cesser brutalement toute consommation d’alcool, ils seraient en
danger de mort. Pour de tels niveaux d’abus, l’alcool est une
drogue très dure, au point que son abstention peut mettre en jeu
le pronostic vital, avec le delirium tremens a potu suspenso, si
bien décrit chez Coupeau, par Émile Zola, dans « L’assommoir ».
Alors qu’une abstinence complète de morphiniques est vécue
très péniblement par l’héroïnomane, elle n’est cependant pas
mortelle. Il n’en va pas de même pour l’abstinence de l’alcool
chez l’alcoolique. L’installation d’une abstinence complète chez
un patient alcoolique doit être réalisée en milieu hospitalier, en
recourant à l’administration de fortes doses de benzodiazépines.
Les alcoolo-dépendants et, plus encore parmi eux, les alcooliques
ne souscrivent pas au conseil de modération de la consommation
d’alcool, prôné par les pouvoirs publics et par les alcooliers. On
peut avoir des doutes sur la sincérité de ces derniers. En effet, si leur
engagement à promouvoir ce principe de modération était suivi par
ceux qui abusent de l’alcool, les alcooliers devraient renoncer à un
tiers de leur chiffre d’affaires. Leur subtilité consiste à exprimer
bien fort cette recommandation, à certains moments, en veillant à
ce qu’elle ne soit pas entendue par ceux qui boivent abondamment.
D’ailleurs, leur conseil de modération est en contradiction avec
leur piégeage délibéré de la jeunesse, par la commercialisation
des Prémix ; par le don généreux de boissons alcooliques dans
des soirées festives pour la jeunesse afin d’installer le stéréotype
« distraction égale ivresse » ; par la commercialisation de bières
de haut degré alcoolique, vendues sous un volume supérieur aux
250 ml traditionnels ; par l’identification du vin rosé et du
champagne rosé à des produits « très féminins »…
Une raison majeure du mal alcoolique français est liée à
l’importance prise par l’alcool dans l’économie nationale. Plus de
500.000 personnes tirent, en France, leurs subsides du commerce
de l’alcool. Outre évidemment tous les vignerons (140.000), des
cultivateurs de céréales (pour le malt) et de houblon, les brasseurs,
les distillateurs, l’industrie des bouteilles, des bouchons, les
cafetiers, les magasins de vins et spiritueux, des vendeurs des
grandes surfaces commerciales (10 % de leur chiffre d’affaires
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