Page 72 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Immersion dans l’alcool
fœtale = SAF (qui n’a rien de safe). Depuis lors, l’accumulation
des conclusions convergentes de nombreuses autres études a validé
le message qui recommande une abstention complète d’alcool
chez la femme enceinte. Ce message est désormais largement
admis, largement diffusé, mais il est encore insuffisamment suivi,
puisqu’une femme enceinte sur cinq ne s’y soumettrait pas, ou le
respecterait incomplètement. Que de temps il a fallu pour arriver
à cette conclusion et, ainsi, que de syndromes d’alcoolisation
fœtale ont été recrutés. On estime à 500.000, en France, le nombre
des victimes de ce SAF ; ce qui correspondait à environ 1% des
naissances. La réduction de moitié de la consommation d’alcool
et l’efficacité des messages de prévention, ont réduit ce taux d’un
facteur 10 ; ce qui, actuellement, fait encore 1 SAF pour mille
naissances.
La fréquence et la gravité des conséquences du SAF justifient
quelques précisions. Elles sont à déplorer quand la consommation
d’alcool atteint et dépasse trois verres de vin par jour. Le SAF
se traduit par un retard du développement fœtal, qui concernera
ultérieurement la taille, ainsi que le poids ; il est à l’origine
d’un périmètre crânien plus petit que normalement. Il détermine
des déformations faciales caractéristiques, avec une finesse
de la fente des paupières, une ensellure nasale marquée, des
oreilles décollées, une saillie entre les yeux. Des malformations
cardiaques s’observent dans 20 % des cas. On déplore aussi des
troubles neuropsychiques, avec un retard mental et une fréquence
accrue d’hyperactivité avec déficit de l’attention (HADA). Le
SAF constitue la première cause de retard mental d’origine non
génétique en France.
La grande vulnérabilité du fœtus aux effets toxiques de l’alcool
résulte de la faible activité de ses enzymes impliquées dans sa
dégradation. La concentration d’alcool est ainsi plus élevée dans le
liquide amniotique que dans le sang maternel ; or l’alcool perturbe
notablement le développement cérébral.
La loi impose désormais l’apposition d’un pictogramme sur
les flacons des boissons alcooliques, pour souligner que leur
consommation est contre-indiquée chez la femme enceinte.
Ce pictogramme présente de profil une femme enceinte buvant
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