Page 79 - Desastre Toxicomanie
P. 79
Le désastre des toxicomanies en France Immersion dans l’alcool
du chiffre terrible de 49.000 morts imputables, chaque année, en
France, à l’alcool.
En juillet 2015, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire
(BEH), François Paille (service d’addictologie du CHU de Nancy)
et Michel Reynaud (département. de psychiatrie et d’addictologie
de l’hôpital Paul Brousse de Villejuif) confirmaient que l’alcool
est une des premières causes d’hospitalisation en France, étant
à l’origine de 2,2 % de l’ensemble des séjours en médecine,
chirurgie, obstétrique et odontologie (MCO), de 10,4 % des
journées d’hospitalisation en psychiatrie et de 3,7 % des actes
ambulatoires en psychiatrie au sein des établissements sous
dotation annuelle de financement. En service de soins de suite et
de réadaptation (SSA), l’alcool représente 5,6 % de l’activité. Au
total, 3,6 % de la dépense hospitalière est liée aux soins prodigués
aux patients souffrant d’une consommation abusive d’alcool. Les
auteurs, à partir de ces chiffres, soulignent « l’intérêt d’aborder la
question de l’alcool le plus précocement possible et lors de chaque
séjour hospitalier, dans l’espoir de limiter les complications et les
réhospitalisations qu’elles entraînent ». On peut regretter qu’ils
ne mettent pas ces chiffres en relation avec le caractère licite de
cette drogue, et ne s’en servent pas pour inviter à tordre le cou à la
folle idée de légaliser d’autres drogues (si l’on souhaite en tordre
le coût...).
L’intempérance a une nette prédominance masculine ; le
nombre d’hommes qui en décèdent annuellement (36.000) est
trois fois supérieur à celui des femmes (12.500). La mortalité
due à l’alcool représente 5 % de la mortalité globale. Elle est la
conséquence de cancers (15.000), de maladies cardio-vasculaires
(12.000), de cirrhoses hépatiques (8.000), d’accidents de la route
ou du travail, de troubles mentaux (dont des actes auto- ou hétéro-
agressifs). La mort prématurée produite par l’alcool concerne
22 % des individus de 15-34 ans ; 18 % des individus de 35-64
ans et (peut-on dire seulement) 7 % des individus de plus de 65
ans, parce que dans cette dernière tranche d’âge, les causes de
mortalité sont multiples.
Si « le poison est dans la dose », il l’est également dans la
fréquence, dans la durée et dans la précocité des premiers usages.
79