Page 81 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                       Immersion dans l’alcool



                   corriger ses effets sédatifs), protège, en partie, de la cirrhose. Sur
                   une  cirrhose  hépatique  installée,  peut  se développer,  avec  une
                   fréquence nettement accrue, un cancer primitif du foie (hépato-
                   carcinome).
                      L’alcool est impliqué  dans la survenue de plusieurs autres
                   types de cancers. Il serait à l’origine de 3,6 % d’entre eux. Le
                   mécanisme de cancérisation fait intervenir l’acétaldéhyde. Ce tout
                   premier métabolite de l’alcool est formé par une enzyme, l’alcool-
                   déshydrogénase. L’acétaldéhyde se lie à des nucléosides et forme
                   des « adduits », qui s’incorporent dans l’acide désoxyribonucléique
                   - l’ADN, support du programme génétique de nos cellules. Dans les
                   populations asiatiques on trouve, avec une assez haute fréquence,
                   des anomalies génétiques affectant une autre enzyme, l’aldéhyde
                   déshydrogénase, impliquée dans la dégradation de l’acétaldéhyde
                   (qu’elle  transforme  en acétate).  L’acétaldéhyde,  à défaut  d’être
                   dégradé, s’accumule.  Ce mécanisme  explique  l’accroissement
                   (d’un facteur 8) du risque de cancer de l’œsophage, observé dans
                   ces populations. En France, le cancer de l’œsophage est 15 fois
                   plus fréquent chez l’homme que chez la femme ; le tabac agit à cet
                   égard en synergie avec l’alcool.
                      Le cancer colorectal  est d’une grande fréquence (près de
                   12 % de la totalité des cancers) ; son incidence augmente avec
                   le vieillissement de la population.  Son risque de survenue est
                   multiplié par 1,6 chez les consommateurs d’alcool.
                      Une  responsabilité  de  l’alcool  dans  le  cancer  du  sein  est
                   également évoquée.
                      La toxicité de l’alcool débute dès un bas niveau de consom-
                   mation. À partir d’un verre et demi de vin par jour (soit 15 g d’alcool
                   pur), l’alcool serait déjà responsable de 1.100 morts par an. On a
                   déjà indiqué qu’à de plus faibles doses, un effet de type protecteur
                   a été détecté. Ainsi, la courbe exprimant la létalité en fonction de
                   la dose consommée chroniquement a la forme d’un J en italique.
                   Cet effet protecteur  des faibles doses expliquerait  le « French
                   paradoxe », qui correspond à l’étonnement que suscite à l’étranger
                   la relativement faible incidence des affections coronariennes des
                   français, malgré leur alimentation abondante et de surcroît riche en
                   graisses comportant des acides gras saturés. Bien que ce « French


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