Page 229 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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10. DACARBAZINE ET TEMOZOLOMIDE                         185

              3.6.2.  Caractéristiques chimiques des monoalkyltriazènes
              À la différence des aryl ou hétéroaryltriazènes porteurs de deux restes alkyle en 3, les
              dérivés 1,3-bisubstitués de type Ar-N=N-NH-Me qui comportent, comme le MTIC 27, un
              hydrogène mobile sur l'azote terminal sont le siège d'une tautomérie (figure 6) qu'il a été
              possible d'étudier en IR et 'H RMN (K. VAUGHAN, 1977). À basse température, les
              méthyles apparaissent sous forme de deux singulets ; celui au champ le plus faible cor-
              respond au tautomère non conjugué 23' alors que celui de 23 résonne à champ plus
              élevé. Par ailleurs, si le noyau Ar est substitué par un reste électro-attracteur, l'équilibre
              est déplacé en faveur du composé non conjugué 23' ; cette préférence devient totale
              quant ce type de substituant est placé en ortho.
               Ces monoalkylaryl ou hétéroaryltriazènes peuvent être utilisés en synthèse organique
              (figure 6), comme des réactifs d'alkylation. C'est ainsi que 3-méthyl-1-phényl-1-triazène
              23a en équilibre avec 23'a :3-méthyl-1-phényl-2-triazène a été présenté comme un rival
              du diazométhane pour méthyler des composés à hydrogène mobile (HA), sans doute via
              une transformation, en milieu acide, en diazométhane 24 et aniline. De même, le 3-butyl-
              1-p-chlorophényl-triazène 25 a été utilisé comme agent de butylation d'acides carboxy-
              liques, de thiols et de certains alcools.
               Cette réactivité est comparable à celle relevée pour les 1,3-diaryltriazènes (N-Az.o) qui
              se transposent en dérivés C-azo para (aminoazoïques), en milieu acide, à chaud :
                        Ar-N, + Ar'-NH, -» Ar-N=N-NH-Ar' » Ar-N=N-Ar'-NH,
               Ce comportement est responsable du fait que le MTIC 27 et ses analogues sont plus
              instables en solutions aqueuses ou éthanoliques que les dérivés N-dialkylés (dacarba-
              zine) ; la formation d'azahypoxanthine a lieu même à l'obscurité.

























             Figure 6 :  Comportement chimique des 1,3-arylalkyltriazènes
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