Page 44 - Traité de Chimie Thérapeutique 2 : Médicaments Antibiotiques
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                 2.3. EFFET BACTÉRICIDE

                 L'arrêt de la croissance bactérienne par fixation des bêta-lactames sur les PFP
                 est responsable de l'effet bactériostatique de l'antibiotique.
                    Depuis les travaux de TOMASZ sur le pneumocoque, on sait que les bêta-
                 lactames possèdent en plus un effet bactéricide ( sauf pour quelques espèces
                 bactériennes) en levant l'inhibition de divers systèmes autolytiques.
                    L'enzyme autolytique hydrolysant le peptidoglycane est la N-acétylmuramyl-
                 L-alanine amidase ou muréine-hydrolysase qui scinde la liaison entre l'acide
                 N-acétyl muramique et la L-alanine.
                    A l'état normal, cette enzyme serait inhibée par le groupement choline d'aci-
                 des teichoiques fixés sur la membrane (antigène de FORSSMAN).
                    En présence de l'antibiotique, l'autolysine est libérée et hydrolyse la liaison
                 entre le pentapeptide et l'enchainement M---G-M-G., ce qui aboutit à une désor-
                 ganisation du peptidoglycane et à un effet létal.
                   • Chez les pneumocoques. l'action lytique ne s'exerce que sur les souches pourvues
                 de muréines hydrolases ; ceci explique que cet effet disparaisse sur d'autres souches pré-
                 sentant pourtant des CMI plus basses pour l'antibiotique considéré, mais dont l'action est
                 limité à la bactériostase.
                   • Chez E. Coli, on a observé que la fixation de certains bêta-lactames sur prp 1b entraine
                 un effet lytique qui serait dû à une autolysine ( cet effet disparaissant ou s'affaiblissant si
                 c'est PFP 2, qui est le site de fixation comme avec le mécillinam).
                 La fixation à PFP 1 induit donc la bactériostase par inhibition vraisemblable de la trans-
                 peptidase suivie d'activation des enzymes lytiques. A ces effets proprement dûs à l'action
                 directe des bêta-lactames, s'ajoute l'augmentation de sensibilité au lysozyme, au complé-
                 ment, à la phagocytose etc.
                    Ceci conduit à la notion de tolérance aux pénicillines : certains composés
                 possèdent un effet seulement bactériostatique quand la CMI est basse mais la
                 CMB élevée : soit parce que la paroi est insensible aux enzymes hydrolytiques,
                 soit parce que le médicament n'induit pas ou n'amplifie pas cet effet.
                    Cette tolérance a naturellement des conséquences cliniques importantes par
                  exemple pour S. Aureus et sans doute E. Coli.
                    En conclusion, les bêta-lactames présenteraient les effets suivants :
                    perturbation de la synthèse du peptidoglycane provoquée par la fixation cova-
                     lente de l'antibiotique sur certaines PFP et limitant les actions transpeptidase
                     et carboxypeptidase ;
                     activation d'enzymes hydrolytiques de nature indirecte. C'est sans doute l'effet
                    de l'antibiotique qui déclenche un ''signal" activant ces enzymes responsa-
                     bles de l'effet bactéricide.




                  Ml : concentration minimum Inhibitrice
                  MB ; concentration minimum bactéricide
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