Page 72 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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1 MÉDICAMENTS DES HYPERURICÉMIES ET DE LA GOUTTE             33

           2.2.2.2.  MÉTABOLISME, MÉCANISME D'ACTION
           La tisopurine est rapidement oxydée in vivo en 6-hydroxythiopurinol par la xanthine-
           oxydase, mais le métabolite principal est le nucléotide de la tisopurine.
             Son mode d'action semble un peu différent de celui de l'allopurinol. Elle inhibe
           davantage la biosynthèse de novo par l'intermédiaire de nucléotides que la formation
           d'acide urique par l'inhibition de la xanthine-oxydase. En effet, elle est inefficace chez
           les patients déficients en HGPRTase et elle abaisse l'uricémie et l'uraturie sans aug­
           menter sensiblement les concentrations plasmatiques et urinaires en xanthine et en
           hypoxanthine.
             L'efficacité thérapeutique de la tisopurine est environ 2 fois plus faible que celle de
           l'allopurinol, car elle est à la fois moins bien absorbée et moins inhibitrice.

           2.2.2.3.  INDICATIONS, POSOLOGIE
             Les indications sont les mêmes que pour l'allopurinol, à l'exception du syndrome
           de Lesch-Nyhan et des déficiences en HGPRTase.
             La tolérance de la tisopurine est tout-à-fait comparable à celle de l'allopurinol. Elle
           peut entraîner parfois des troubles du goût.
             La tisopurine, inscrite sur la liste I des substances vénéneuses, est commercialisée
           sous le nom de Thiopurinol. Elle se présente sous forme de comprimés dosés à
           100 mg. La posologie habituelle est de 200 à 400 mg par jour.

           2.3.  LES URICOLYTIQUES : L'URATE-OXYDASE

           L'uricolyse a pour but de dégrader l'acide urique en métabolites solubles non
           toxiques facilement éliminés par le rein.
             Chez les mammifères en général, l’acide urique est oxydé en allantoïne par une
           enzyme hépatique : l’urate O2-oxydoréductase, plus communément appelée urate-
           oxydase ou uricase.



                                      urate-oxydase



                      acide urique                     allantoïne

             Chez l'Homme, qui est dépourvu d'urate-oxydase hépatique, l'allantoïnémie est
           très basse (8 mg/l) et l'allantoïnurie de l'ordre de 25 à 30 mg/j. Cette allantoïne est le
           produit de l'activité uricolytique de la flore intestinale ; elle est beaucoup plus soluble
           (5,26 g/l) que l’urate de sodium (70 mg/l) et est plus rapidement excrétée par voie
           rénale.
             La présence d'urate-oxydase a été signalée aussi bien dans le règne végétal, que
           dans le règne animal. De nombreuses études ont été consacrées à l'enzyme d'origine
           animale (foie de porc ou rein de bœuf) ; à partir de cette source, les préparations les
           plus actives ont été obtenues et testées. Les premiers essais chez l'Homme ont été
           rapidement abandonnés pour deux raisons : d'une part ces préparations différaient à
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