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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
Biais 4 : Les mauvaises nouvelles sont mieux mémorisées que
les bonnes. C’est le biais de sidération.
On peut mémoriser ces quatre biais grâce à la phrase : « Si
con méchant » (Sidération Confirmation Mémorisation Échan‑
tillonnage).
Et le pire, c’est que même si notre argumentaire est bancal par
rapport au réel, dans l’immense majorité des cas, nous n’en avons
aucune perception, de sorte que cette disproportion mentale n’est
pas ajustée. Notre corps reçoit un feed‑ back constant du réel,
et un cycliste qui pédale subit immédiatement la réponse de la
gravité. Ce n’est pas le cas de notre vie mentale, qui est libre de
vivre dans ses illusions, et de les renforcer socialement. Ainsi, on
s’entoure des gens qui renforcent nos opinions, leur conversation
étant une puissante source de dopamine quotidienne.
Mais alors, puisque nos argumentaires sont construits sur de
la glaise instable, faudrait‑ il ne rien construire du tout ? Bien sûr
que non. Nous n’avons que notre vie mentale pour développer nos
argumentaires, alors il faut faire avec et apprendre à maîtriser des
techniques de construction fiables.
Il est difficile de lutter contre la disproportion des sources. Elle
est d’ailleurs tellement répandue qu’elle touche profondément le
monde scientifique. Puisque l’on ne peut en général que publier ce
qui renforce la pensée dominante, les publications étant soumises à
la revue des pairs, la littérature académique est stigmergique et elle
ne respecte pas non plus les proportions du réel, qu’elle prétend
pourtant légitimement représenter. Les études non concluantes
n’étant également pas publiées, elles ne sont pas décomptées dans
les méta‑ analyses, qui ajoutent donc une déformation supplémen‑
taire au réel .
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Si l’on ne peut défricher soi‑ même toute l’information, on peut
cependant changer notre manière de l’appréhender. Dans cet art,
la première vertu, c’est la subjectivité limpide. Plus nous la déve‑
loppons, plus nous sommes à même de corriger la propension de
notre esprit à la disproportion.
1. Le phénomène selon lequel les études non concluantes ne sont pas décomptées
dans les méta‑ analyses est appelé « effet tiroir ».
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