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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !


                  Ergonomie de l’arnaque


                  Les pyramides de Ponzi
                    « Donne‑ moi ce que je veux. »  vs « Donne‑ moi ce dont j’ai
                  besoin. », c’est aussi le principe de l’arnaque. Pour arnaquer
                  quelqu’un, nous devons lui donner ce qu’il veut entendre mais
                  jamais ce qu’il doit entendre. Parmi les arnaques à succès, prenons
                  l’exemple des ventes pyramidales : je vous propose de devenir ven‑
                  deur pour mon entreprise. Vous entrez dans mon système pour 100
                  euros, et je vous promets 1 000 euros de retour sur investissement ;
                  mais seulement si vous recrutez vingt autres vendeurs comme vous,
                  qui vont servir à vous payer.
                    Bien sûr, aveuglé que vous êtes par votre rêve de devenir riche,
                  vous ne prêterez pas attention à cette condition.
                    Les pyramides de Ponzi, comme on les appelle, prolifèrent
                  notamment en Asie (la population, gigantesque, leur fournit un
                  contingent précieux) et plusieurs entreprises de compléments ali‑
                  mentaires (pilules vitaminées, etc.) ont déjà bâti des fortunes sur
                  son principe, en recrutant des vendeurs parmi des gens tout à fait
                  normaux, et en utilisant leur produit comme excuse pour la vente
                  pyramidale. Ce concept est également connu des manipulateurs,
                  qui savent bien qu’avant de demander quelque chose de payant,
                  il faut demander quelque chose de gratuit. Vous allez prendre le
                  métro et vous n’avez pas de ticket ? Vous voulez qu’un inconnu
                  vous en cède un ? Demandez‑ lui d’abord l’heure et vous aurez plus
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                  de chances de réussir .
                    Toute arnaque commence par donner à sa victime ce qu’elle
                  veut. Mais comme le disent les soufis, « l’appât est apparent, c’est
                  le piège qui est caché ». Dans la fable du chasseur de singe, le piège
                  est une cerise dans une bouteille. Le singe passe sa main dans la
                  bouteille, mais s’il la referme sur la cerise, il ne peut plus l’en res‑
                  sortir. L’appât n’est que le mirage d’une cerise, que le singe n’aura
                  jamais. Le chasseur attrape le singe, lui fait lâcher prise, et s’en va
                  piéger un autre singe avec la même cerise…


                    1.  Joule, R. V. et Beauvois, J. L., Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes
                  gens, Presses universitaires de Grenoble, 2014.

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