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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
                  à lui prendre son portefeuille, en pleine rue, en le laissant le sortir
                  lui‑ même de sa poche.
                    Il s’approche d’un homme sur un pont, lui porte lentement la
                  main à l’épaule, regarde vers le sol et dit : « Excusez‑ moi… Excusez‑
                  moi… Vous ne sauriez pas où est… Heu… Pleasure Beach, si ?
                    —  Pleasure Beach ? »
                    L’homme tend la main pour indiquer une direction.
                    « Est‑ ce que c’est là‑ bas, Pleasure Beach ? redemande Brown.
                    —  Non, c’est après ça. Vous continuez le long de la rue, là, et
                  après l’angle.
                    —  Excellent ! Vous ne m’en voulez pas de vous demander,
                  hein ? »
                    Il rit.
                    « Non, non, pas du tout ! »
                    L’homme sourit.
                    « Excellent, excellent ! répond Brown en parlant dans sa barbe.
                  Hé, vous n’auriez pas l’heure, si ?
                    —  Ah non.
                    —  Puis‑ je vous la donner ? (Il lui donne une bouteille d’eau,
                  qu’il tient à la main). Puis‑ je juste prendre votre portefeuille ? »
                    L’homme avance la main pour prendre la bouteille, puis sort
                  son portefeuille de sa poche et le donne à Brown.
                    « C’est bon, je vais vous la reprendre », ajoute Brown.
                    Reprenant la bouteille, il garde le portefeuille. Puis, alors que
                  l’homme se demande ce qui s’est passé, il dit en dévissant la bou‑
                  teille : « Il fait chaud, hein. Alors donc, c’est tout droit par‑ là, en
                  bas de la rue, hein ?
                    —  Oui, c’est bien ça. »
                    L’homme a l’air de se demander s’il n’a pas oublié quelque chose.
                    « Parfait, merci beaucoup, au revoir.
                    —  Au revoir. »
                    Là encore, la technique consiste à saturer ce que les neuroscien‑
                  tifiques appellent l’« espace de travail global » de notre conscience,
                  ce « tableau d’affichage central » de notre cerveau, pour le forcer à
                  réaliser d’autres tâches sans esprit critique, machinalement, comme
                  donner son portefeuille. Comment Brown s’y prend‑ il pour saturer
                  la conscience de son sujet ? Comme dans la technique du papier
                  blanc, il le lance sur une tâche spatiale, puis le distrait. Mais ici, il


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