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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
                    Si vous aviez les deux bras encombrés, vous ne laisseriez pas
                  une personne, dans la rue, vous mettre une bouteille d’eau dans les
                  mains. Vous ne vous attendriez même pas à ce qu’elle essaye, parce
                  que vous voyez votre propre encombrement et qu’elle le voit elle
                  aussi. L’encombrement du cerveau, lui, est invisible. L’idée que notre
                  cerveau n’est pas conscient de son fonctionnement, l’idée que l’acti‑
                  vité du cerveau n’est pas autodescriptive peut s’écrire comme l’inclu‑
                  sion mathématique « métacognition ⊂ cognition » qui se lit : « la
                  métacognition est strictement incluse dans la cognition ».
                    La métacognition, c’est la cognition de la cognition, c’est la
                  conscience de la conscience, par exemple, et elle est incluse dans
                  la cognition (sinon où se trouverait‑ elle ?). Toute conscience de soi
                  reste une conscience par exemple. La métacognition étant néces‑
                  sairement plus petite que la cognition, il nous reste un excellent
                  moyen de surmonter nos limites individuelles : autrui. Les autres
                  nous voient sous des angles que nous ne comprenons pas, de sorte
                  qu’ils peuvent nous informer sur notre comportement, dans un
                  processus de métacognition qui serait susceptible, in fine, de dépas‑
                  ser notre propre connaissance. En gros, si on remplace le terme
                  de « métacognition » par la formule « connais‑ toi toi‑ même », on
                  prend la mesure du potentiel humaniste de la neuroergonomie.
                  Pour l’heure, nous ne réalisons pas à quel point notre cognition
                  est encombrée de comportements stéréotypés, d’assomptions, de
                  conditionnements, ou simplement de pensées parasites. Quiconque
                  comprend l’encombrement cognitif comprend la neuroergonomie.



                  Notre cerveau est saturable


                    Parmi les techniques de Derren Brown, il en est une qui permet
                  d’illustrer les notions d’activité spontanée et évoquée. Notre cer‑
                  veau, comme notre cœur, ne s’arrête qu’à notre mort. Son régime
                  de fonctionnement et sa consommation d’énergie changent selon la
                  tâche, mais tant que nous vivons, que nous soyons en sommeil ou en
                  éveil, il est actif. Notre activité cérébrale est essentiellement sponta‑
                  née. Pendant plusieurs siècles, notamment sous l’influence du mou‑
                  vement philosophique empiriste, on a cru que le fonctionnement


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