Page 24 - Le grimoire de Catherine
P. 24
Etaient –ils parvenus, à force de méandres, à la fin de leur vie sans avoir atteint
leur champ d’étoiles ? La fatigue pesait, le spectre de la vieillesse leur apparu.
L’Ane était particulièrement agité, il demanda : « -Qu’est-ce que la vieillesse ? » « -La
vieillesse, comme la décrite, un homme qui broyait du noir, commence par mâcher les
roses et les géraniums. Elle s’attaque aux rêves d’enfants, aux illusions des adultes.
Elle continue jusqu’à briser les rires en attendant de s’attaquer aux os. Tout se fait,
en silence irrémédiablement ! »
L’ambiance s’en trouva bien plombée quand ils aperçurent une tombe éloignée des
autres. Sur elle, flamboyant, un bouquet de coquelicots ! Intrigués, ils s’approchèrent
et déchiffrèrent péniblement le nom de la personne qui avait reçu ce témoignage de
remerciement.
C’était bien lui, le vieux guide, il était bien là, entouré de tout ce qu’il avait aimé et fait
partager à tant de personnes de passage. Peu importe qui avait déposé ces fleurs.
Cet homme avait réussi sa vie au milieu de la beauté et avait suscité l’amour
d’autrui. Son chemin de Compostelle s’était terminé là.
L’homme et l’Âne s’éloignèrent, ils quittèrent le chemin, s’engagèrent dans la
garrigue. On entendit des bruits étouffés de branchages que l’on charrie, de feuilles
mortes que l’on froisse. Là-bas, on bâtissait.
20