Page 23 - Le grimoire de Catherine
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La curiosité finit par l’emporter, ils s’approchèrent, appelèrent, attendirent. Personne ne
se manifesta .Alors, ils entrèrent…
L’obscurité laissait deviner quelques objets oubliés, des oiseaux y avaient laissé
quelques traces et soudain qu’elle ne fut pas leur surprise, tout au fond de cette
tanière se trouvait un tableau, un tableau éclairant la nuit de mille étoiles ! Ils étaient
face à une reproduction du chef d’œuvre de Van Gogh «La nuit étoilée». L’artiste avait
côtoyé les lumières du ciel bien avant eux et avait transféré ses émotions sur sa toile.
Comment interpréter cette découverte ? Ils s’en gardèrent bien, ce qui est précieux
pour l’homme ainsi que pour l’animal méritent le silence. Toute interprétation ne
serait que folie. Comme dit le sage « quand l’homme pense, Dieu rit »
Toutefois, ils se sentirent, soudain bien seuls aussi notre aventurier proposa-t-il de
rendre visite à un homme rencontré autrefois, lors d’un de ses périples, à la recherche
d’églises romanes. Celui -ci vivait dans une abbaye et devait être expert en matière
de champs d’étoiles.
L’Âne, lui, se montrait sceptique, un projet comme le leur était difficile à dévoiler, il faut
dire qu’il avait souvent été pris dans sa vie antérieure pour un idiot. IL fallut
argumenter !
« Il s’agit d’un homme, d’âge mûr, qui vit toute l’année, dans une abbaye du Haut
Moyen Age, agrippée aux flancs d’une montagne de schiste. Ce lieu, refuge des
dominicains recèle mystères et trésors. Aussi a-t-il décide d’y consacrer sa vie, pour
mieux comprendre la féerie des lieux, de la faire connaitre aux curieux, d’y distiller une
atmosphère de paix, d’harmonie. »
Ce plaidoyer fut entendu et ils s’engagèrent, tout deux, sur une petite route sinueuse,
dans un paysage sauvage qui allait les mener vers ce semeur de beauté. Pas après
pas, ils atteignirent enfin le porche de l’édifice. Surprise, le petit jardin de plantes
aromatiques avait laissé place à un parking, les ferrures du porche étaient dissimulées
sous un présentoir de cartes postales.
Un photographe leur proposa même de les fixer sur sa pellicule ! Que c’était –il
passé ? Une guichetière acariâtre les accueillit en leur rappelant que l’accès était
interdit aux animaux. Le vieux guide, qui s’en souvient ? « Il y a bien longtemps qu’il
est mort.
On a retrouvé son corps, ici, après un hiver particulièrement glacial ! » Drôle d’oraison
funèbre pour cet homme qui avait passé sa vie à transmettre sa passion du lieu, à
parler avec l’au-delà, , à vénérer tous ces artistes que furent les bâtisseurs,
charpentiers, sculpteurs de pierre …
Déconcertés, ils tournèrent talons et pattes et avant de partir ils décidèrent d’aller,
malgré tout, visiter le petit cimetière apparemment abandonné, engourdi de sommeil,
contre l’abbaye qui renvoyait à cette heure du soleil couchant, des reflets roses.
Ils avançaient avec précaution parmi les sépultures abandonnées à jamais, à demi
enfoncées dans le sol desséché, envahies par quelques petites fleurs chétives,
suspendues à quelques croix rouillées. Quelques plaques portant les bribes d’identité
témoignaient des vœux de religieux d’y être là pour l’éternité.
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