Page 27 - Le grimoire de Catherine
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Les cueilleurs de volubilis sont des cueilleurs d'instants.

              Instants  d'harmonie,  instants  de  plaisir,  de  félicité,  instants  de  rencontres,  rencontre
              avec soi-même et les questions abondent….
              Suis-je toujours honnête avec les autres? Ne serai-je pas un truand de temps à autre?

              Plouf, plouf…repartons à la case départ ! Il est temps de laisser du jeu dans mon "je"
              Au bout de l'autoroute, la plage ou les arbres. La houle du bitume s'étant calmée grâce
              à  notre  allure  modérée,  choisie  afin  de  ne  pas  distancer  nos  songes,  pas  besoin
              d'attendre la tombée de la nuit.

              Fini d'être ce pantin révolté, désarticulé par les mains d'un certain chef de service.
              C'est maintenant à portée de rêve : on peut s'asseoir un moment dans l'herbe, trèfles
              contre trèfles, feuilles tendres contre feuilles tendres.

              Le temps oublie les aiguilles des horloges, il les jette par-dessus les moulins à vent. Le
              panorama se déploie. Ce n'est pas le Grand Canyon. Il s'agit d'un petit ruisseau à l'eau
              cristalline,  de  jeux  d'ombres,  de  la  lueur  qui  s'infiltre  puis  perce  le  branchage  des
              arbres. Ca chante dans nos têtes…" Dead can dance, put your head on my shoulder".
              Les  volubilis,  des  brassées  de  volubilis,  la  souris-araignée,  autrement  appelée  la
              musaraigne, musarde.

              Regarder, se laisser aller dans la couleur bleue, imaginer, refleurir.
              Pause…

              La petite musaraigne se love dans le sommeil. Ses petites pattes avant, aux attaches
              délicates,  rejoignent  celles  de  l'arrière,  petite  fourrure,  réceptacle  de  tendresse…  Le
              bonheur c'est du malheur qui se repose comme dit le poète... elle nous laisse là, à nous
              de remplacer les  points de suspension

              Alors comment se déplacer dans la "quotidienneté", sous l'apparence de l'ordre établi?
              Pas grave, il existe des voies souterraines à l'abri des regards inquisiteurs, des voies à
              bâtir, à protéger, à investir, des voies… destination nulle part.

              Ca  relève  de  notre  fantaisie  intérieure,  c'est  le  refuge  bâti,  à  partir  des  branches
              grappillées dans notre enfance, de l'espace que chacun a décidé de se garder comme
              creuset où mijote la vraie vie.

              On ne naît jamais impunément quelque part. On a beau abandonner certains lieux et
              sans espoir de retour, ils vous rattrapent un jour ou l'autre.

              Ne pas être pressé, pas besoin de l'être pour être.
              Délibérément, restons à la lisière…pour vivre.










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