Page 30 - Le grimoire de Catherine
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Revenons sur notre échiquier, l’heure est grave, le combat des chefs va commencer.
Je tremble, je voudrai tant que ma tour garde en son sommet son oiseau de paradis,
mon cheval sa crinière de soie et mon fou son air de gavroche. Ca va chauffer !
Au secours, au secours ! Je bascule ! Je dévale une pente, je passe du blanc au
noir, je vais atterrir dans le camp adverse. Me voilà tout tourneboulé. J’ouvre les yeux,
enfin pour être honnête, le gauche.
C’est la grosse boule de poils roux qui a déclenché ce cataclysme. Cela devait arriver.
Infernal ce chat qui saute par-dessus nous au moindre rayon de soleil ! C’est là son
jeu préféré. Cette fois son ventre rebondi s’est écrasé contre nous tous !
Ne vociférons pas contre lui, d’ailleurs il vient de se cacher sous la bibliothèque, pas
fier le matou ! Nous devrions le remercier il nous a évité un conflit meurtrier.
Etonnant ! Le monde qui nous entoure n’est plus le même. L’air y est plus léger, la
lumière transporte du féerique. Notre roi et notre reine, vêtus de vert, partagent un
gâteau à la citrouille avec leurs rivaux drapés de velours grenat.
Tout s’apaise, nous avons tous compris que lorsque les journées nous paraissent
sans couleur, sans odeur ou que l’orage accumule de vilains nuages, il est temps alors
d’accepter le petit grain de folie de l’autre.
Je compte sur vous pour ne pas mettre cet écrit entre toutes les pattes, un certain
« velu » en serait ravi.
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