Page 32 - Le grimoire de Catherine
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Voilà le moment de lui expliquer que je suis à la recherche de deux silhouettes
entraperçues dans le champ de tournesols. Elle va peut-être me prendre pour un fou
ou pour un farceur. Allez, je me lance, j’explique… elle sourit de plus en plus, je me
sens de mieux en mieux et m’enhardis.
« De quoi vivez-vous ? Je ne vois autour de vous que de vieilles volailles coriaces et
que quelques légumes anémiés, pourtant vous paraissez si heureuse, je vous trouve
belle !
- Vivant seule, j’ai aménagé mon territoire, venez, suivez moi derrière la maison ».
Et là que de fleurs, de toutes formes, de toutes couleurs, de toutes les senteurs !
- « Sachez que chaque fleur a une âme, chaque fois qu’une personne la regarde, son
esprit grandit et ainsi elle devient plus forte !
Elle est aussi miroir et te renvoie ce que tu es. Aussi au milieu de ce jardin je ne suis
jamais triste entourée de tant d’amies. Belles et si utiles ! N’oubliez pas que sans leur
nectar, nos abeilles ne pourraient plus survivre depuis qu’un savant fou a inventé, au
nom de la productivité et du profit immédiat, un produit tueur ! Je participe avec mes
faibles moyens à la survie de la biodiversité ».
Elle me tourne maintenant le dos, se penche vers son massif et coupe, coupe, coupe.
Je me retrouve avec une brassée de dahlias, de glaïeuls et de marguerites. Je me
sens intronisé par cette petite reine du jardin et j’en profite pour répéter ma question.
« Pensez-vous que quelque chose se trame dans ce champ ?
-Attention pas trop de questions vous allez faire faner vos rêves ! Allez continuez à
votre rythme, ne bousculez pas le temps, respirez ».
Des milliers de petits cris s’échappent maintenant d’un gigantesque buisson de
chèvrefeuille. Derrière lui, habite le marchand d’oiseaux. Je continue mon enquête,
m’arrêtant pour enlever une fleur fanée, pour sentir les parfums qui s’y répandent.
Voici mon Sieur au regard bien étrange. Il a les yeux d’un bouvreuil. , tel un homme,
qui, si proche de son chien, finit par lui ressembler. A y regarder de plus près, je
pense que c’est plutôt le chien qui lui fait ce cadeau.
Allez savoir ce qui se passe dans la tête d’un animal ! Pour célébrer son amour des
oiseaux, il porte un superbe chapeau multicolore comme celui imaginé par Mozart et
arboré par Papagéno dans l’opéra de la Flûte Enchantée.
Avec lui, je dois pouvoir dialoguer sans prendre trop de précaution. Il pourrait bien lui
arriver aussi de voir de temps à autre des petites silhouettes non identifiées.
Au beau milieu de colibris, de perruches, de mésanges, de cacatoès et j’en passe …
nous commençons à faire connaissance.
«Hello ! Pourrai-je, pendant quelques instants, interrompre le concert de vos
musiciens tout en plumes afin de parler avec vous de ce qui me préoccupe ?
- Bien que votre tracteur ait souvent dérangé mes oiseaux, je veux bien vous
accueillir mais sachez qu’ici, vous êtes dans leur royaume, que vos énigmes et les
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