Page 22 - Le grimoire de Catherine
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cosmos aux pétales tremblantes (encore une histoire d’étoiles), les passereaux
libérateurs d’octaves !
Manger ne leur posa pas de problème. L’Âne grignotait ça et là quelques plantes
prévues pour garantir la survie de la biodiversité, les animaux ne mangent, c’est
bien connu, que ce qui leur est nécessaire.
Ils savent éviter les pièges des plantes vénéneuses. Aussi ce fut l’Âne qui choisit
pour son compagnon les champignons comestibles. Il lui indiqua aussi où trouver
du pain. Il suffit d’ouvrir les yeux juste avant que le soleil se lève et, dans tous les
villages, il ya une petite lumière qui vacille.
C’est là qu’il faut se rendre. On y trouve le boulanger qui prépare ,pour sa
population encore endormie ,pain, brioches et autres pâtisseries aux noms
enchanteurs comme bras de vénus, chouquettes, baguettes magiques ou encore
gâteau écureuil !
Marcher, marcher donnait soif. Pour l’Âne ce n’était pas un problème. Là, il pouvait
partager avec l’alouette quelques gouttes de rosée lovées dans la corolle d’un
églantier, puis laper dans un torrent chargé des mille senteurs de la montagne.
Les raisins et autres baies sauvages furent utiles pour satisfaire le marcheur.
Le chemin se déroulait, sereinement, harmonieusement sous leurs pieds et pattes. Ils
étaient ravis de ne pas se laisser duper comme Don Quichotte n’apercevant pas les
fameux moulins et cela les faisaient bien rire, jusqu’à ce que … notre homme poussa
un cri : »Regarde ce qui m’arrive !
Regarde mon poignet ! Ma montre a fondu, elle est toute molle ! »En effet, elle pendait
lamentablement telle une pauvre limace difforme !
L’Âne se porta vite à son secours
« -Ne t’inquiète pas, cela devait nous arriver. Monsieur Salvador Dali a déjà vécu ce
phénomène et l’a même immortalisé. Tu sais, pour nous, le temps a perdu de son
importance, il s’écoule, devient élastique.
Nos souvenirs s’effacent. Nous sommes entrés, tous les deux, dans l’espace de vie,
de notre naissance à notre mort. C’est ce que les hommes nomment le chemin de
la vie et nous la recherche de ton champ d’étoiles. »
Qui aurait osé dire, après un tel discours si rassurant, qu’un bourricot n’est pas un
philosophe ! Le voyage pouvait continuer !
Les sentiers, se rétrécissaient peu à peu, les branches des épineux ralentissaient leur
progression, des lianes s’entremêlaient dessinant des arabesques, la moiteur
alourdissait leurs nuques pourtant il fallait continuer, s’obstiner.
Bientôt, ils distinguèrent une niche faite de troncs d’arbre. Quelqu’un avait fagoté des
morceaux de bois morts pour s’en faire un abri. Il l’avait recouvert d’un tapis herbu
afin de le soustraire des regards curieux.
Ils étaient devant le refuge d’un ermite, c’était évident. Que faire, face à un homme
qui, comme eux, avait choisi de penser sa vie ? Passer leur chemin en respectant son
choix de solitude? Lui tendre la main en lui apportant un peu d’humanité ?
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