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Les débuts de la vie et l’enfance 201
en union libre se séparent beaucoup plus fréquemment que et autres, 2003), les effets du divorce et de la recomposition
les couples mariés, et le font plus rapidement, de sorte familiale sur l’adaptation des enfants semblent être les mêmes
que les enfants sont plus jeunes au moment de la rupture chez les enfants de mères lesbiennes et ceux de mères hété-
(Le Bourdais et Juby, 2001 ; Marcil-Gratton et autres, 2003). rosexuelles. Bien qu’elles présentent plusieurs similarités
avec les familles recomposées hétéroparentales, les familles
Voici quelques conclusions intéressantes qui pourraient recomposées homoparentales s’en distinguent par leur ten-
expliquer certains des effets négatifs de la monoparentalité dance à placer la parentalité au centre des nouveaux rapports
et du divorce ou de la séparation des parents observés dans familiaux et à partager les rôles parentaux de manière plus
les études moins récentes. Tout d’abord, la monoparentalité flexible et plus égalitaire. Leur grande particularité, en ce qui
tout comme le divorce ou la séparation réduisent les res- concerne les enfants ainsi que l’entourage familial et social,
sources financières et émotionnelles disponibles pour sou- réside dans le dévoilement de l’homosexualité des parents,
tenir l’enfant (Ambert, 2009). Avec un seul parent, le ménage qui engendre des difficultés liées à l’homophobie du milieu
se retrouve généralement avec un seul revenu et un seul et à la non-reconnaissance des familles homoparentales.
adulte pour répondre aux besoins affectifs de l’enfant. Les
données canadiennes indiquent que, dans la première année De nombreuses familles constituent un réseau social qu’on
après un divorce, le revenu d’une femme baisse en moyenne appelle la famille étendue, une structure familiale qui inclut
de 50 %, et celui d’un homme, de 25 % (Finnie, 1999). Par les parents, les grands-parents, les oncles et tantes, les cou-
contre, il importe de le souligner, quand la mère dispose d’un sins et cousines, etc. Ces familles étendues semblent avoir
bon revenu, le développement de l’enfant est semblable à un effet protecteur sur les enfants qui grandissent dans une
celui d’un enfant en situation comparable dont la mère vit famille à parent unique (Wilson, 1995). Les grands-mères,
en couple. Qui plus est, si on exclut les problèmes de santé par exemple, semblent apporter un soutien affectif impor-
mentale chez la mère, les effets négatifs de la monoparen- tant aux enfants de mères adolescentes (Coley et Chase-
talité sur le comportement des enfants diminuent de façon Lansdale, 1998). De plus, les membres de la famille étendue
significative (Carlson et Corcoran, 2001). Le remariage ajoute aident souvent le parent unique ou séparé à surmonter ses
un deuxième adulte dans le système familial, ce qui atténue difficultés émotionnelles et financières, et lui apportent du
ces problèmes dans une certaine mesure, mais amène soutien pour le soin des enfants.
d’autres enjeux (Ambert, 2009).
Ensuite, toute transition familiale entraîne des bouleverse- Les styles parentaux et leurs effets
ments. Les adultes comme les enfants s’adaptent lentement
et difficilement au départ ou à l’ajout de nouveaux adultes Nous l’avons vu, les différences de tempérament font que
dans le système familial (Ambert, 2009). La période de per- les enfants réagissent différemment aux événements et aux
turbation peut durer plusieurs années, durant lesquelles les situations. De même, les parents diffèrent dans leur tempé-
parents trouvent souvent difficile de guider leurs enfants et rament, de sorte que, comme celles de leurs enfants, leurs
de garder un certain contrôle sur eux. réactions aux événements et aux situations varient. Prenons
par exemple la situation où un enfant ne veut pas aller au
Peut-être plus important encore, la monoparentalité, le lit. Un parent entre dans la bataille du dodo avec aplomb
divorce ou la séparation ainsi que l’étape d’adaptation à un et insiste calmement pour que l’enfant aille au lit, même si
beau-parent augmentent la probabilité que le climat familial ce dernier fait une crise de colère. Un autre parent répond
soit moins centré sur l’autorité parentale. Ce changement n’est à l’escalade émotionnelle de l’enfant en augmentant l’in-
pas rare dans les premières années qui suivent un divorce, tensité émotionnelle de ses exigences, ce qui les entraîne
lorsque le parent qui a la garde de l’enfant (habituellement dans une guerre interminable où le parent assure sa propre
la mère) est distrait ou déprimé, et donc moins en mesure victoire en misant sur le pouvoir physique, social et émo-
de lui fixer des limites claires et de continuer son travail tionnel qu’il a sur l’enfant. Un autre parent encore peut
d’éducation. Il se produit aussi dans les familles recompo- répondre de manière très permissive et laisser l’enfant se
sées, où l’autorité parentale se révèle plus faible que dans coucher quand il ou elle veut. Les chercheurs appellent styles
les familles intactes. Comme nous le verrons, contrairement parentaux ces différences dans la façon d’exercer l’autorité
à l’autorité parentale souple (démocratique), les styles paren- parentale ou, plus précisément, les stratégies caractéris-
taux autoritaire et négligent donnent de piètres résultats, tiques que les parents utilisent pour gérer le comportement
qu’ils résultent d’un divorce, d’un remariage stressant, de la de leurs enfants.
perte d’emploi d’un parent ou de tout autre facteur de stress
(Goldberg, 1990). En fin de compte, c’est le style parental, Les parents diffèrent évidemment dans leur façon de réagir
plutôt que n’importe quel type de perturbation, qui est aux manifestations d’indépendance des enfants d’âge pré-
important pour l’enfant. scolaire. Depuis des années, les psychologues cherchent
la meilleure manière de décrire les divers fonctionne-
Selon une recension des études comparant les familles recom- ments observés d’une famille à l’autre. À l’heure actuelle, la
posées homoparentales et hétéroparentales (Chamberland conceptualisation la plus utilisée reste celle de Diana
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