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202 chapitre 7 L’âge préscolaire : développement identitaire et socioaffectif
Baumrind (1972, 2013), qui se focalise sur quatre caractéris- Le type d’autorité que les parents exercent est tout aussi
tiques du fonctionnement familial : important (Barber et Xia, 2013). Les résultats sont optimaux
• la chaleur et l’affection ; pour l’enfant lorsque les parents ne sont pas trop restrictifs,
• l’encadrement avec des règles claires et appliquées de qu’ils lui expliquent les choses et qu’ils évitent le recours aux
châtiments physiques. Les enfants dont les parents ont des
façon constante ; attentes élevées (des « exigences de maturité élevées », pour
• les attentes réalistes par rapport à l’âge et au stade de reprendre les mots de Baumrind) s’en tirent aussi mieux que
développement ; les autres. Ils ont une meilleure estime de soi et montrent
• la qualité de la communication parent-enfant. plus de générosité et d’altruisme. Enfin, la communication
ouverte et régulière entre le parent et l’enfant est associée
Il a été démontré que chacune de ces quatre dimensions à de meilleurs résultats. Écouter l’enfant est aussi important
était liée, indépendamment des autres, à différents compor- que de lui parler. Idéalement, les parents doivent faire sentir
tements de l’enfant. Les enfants qui ont des parents chaleu- à l’enfant que ce qu’il a à dire est digne d’être écouté, que
reux et aidants développent un attachement plus sécurisant ses idées sont importantes et qu’elles doivent être prises en
durant leurs deux premières années que ceux dont les considération dans les décisions familiales. Les enfants des
parents ont davantage de comportements de rejet. Les pre- parents qui agissent ainsi se sont révélés plus mûrs émo-
miers ont aussi une meilleure estime de soi et sont plus tionnellement et socialement (Baumrind, 1971, 2013 ; Bell et
empathiques, plus altruistes et plus sensibles à la douleur Bell, 1982).
ou à la détresse d’autrui ; ils ont un QI plus élevé, collaborent
mieux à l’école maternelle et à l’école primaire, ont de Prise isolément, chacune de ces caractéristiques du fonc-
meilleurs résultats scolaires et sont moins susceptibles tionnement familial a son importance, mais elles ne se pré-
d’avoir des comportements délinquants à l’adolescence ou sentent jamais seules ; elles se combinent et interagissent
des comportements criminels à l’âge adulte (Keown, 2012 ; les unes avec les autres pour donner divers styles parentaux.
Maccoby, 1980 ; Maughan et autres, 1995 ; Simons et autres, Baumrind (1972, 2013) en distingue trois :
1989 ; Stormshak et autres, 2000). Le fait d’être entouré de • le style autoritaire, caractérisé par beaucoup d’encadrement
beaucoup d’affection peut même protéger un enfant contre et d’attentes, mais peu d’affection et de communication ;
les effets négatifs d’un milieu qui, autrement, serait désa- • le style permissif, caractérisé par beaucoup d’affection, mais
vantageux. Plusieurs études sur les enfants et les adoles- peu d’attentes, d’encadrement et de communication ;
cents qui grandissent dans des quartiers pauvres et difficiles
montrent que la chaleur parentale est associée à la compé- • le style démocratique, caractérisé par beaucoup d’affec-
tence tant sur le plan scolaire que sur le plan social (Masten tion, de communication, d’encadrement et d’attentes.
et Coatsworth, 1998 ; Odgers et autres, 2012). En revanche, Eleanor Maccoby et John Martin (1983) ont proposé une
l’hostilité parentale est liée à la baisse du rendement scolaire variante du modèle de Baumrind. Comme le montre la
et à un risque plus élevé de délinquance chez les enfants et figure 7.3, il s’agit d’un système à deux dimensions dans
les adolescents pauvres (Melby et Conger, 1996). La cohé- lequel on évalue d’une part le degré d’exigence (encadre-
rence et la clarté de l’encadrement parental sont également ment et attentes) et d’autre part le degré d’acceptation
importantes. Les enfants de parents dont les règles sont (affection et communication). Ces deux dimensions créent
claires et appliquées de façon cohérente sont beaucoup donc quatre styles parentaux, dont trois correspondent
moins susceptibles d’être rebelles ou délinquants. Ces enfants d’assez près aux styles autoritaire, permissif et démocratique
sont également plus compétents, plus sûrs d’eux et moins décrits par Baumrind. Le modèle de Maccoby et Martin en
agressifs (Kurdek et Fine, 1994 ; Patterson, 1980). ajoute un quatrième, le style désengagé ou négligent, qui,
figure 7.3
les styles parentaux
S’inspirant du modèle de Baumrind, Degré d’acceptation
Maccoby et Martin ont conçu (affection et communication)
ce système à deux dimensions.
Faible Élevé
Autoritaire, fondé Démocratique, fondé
Élevé
Degré d’exigence sur le pouvoir sur la réciprocité
(encadrement
et attentes) Désengagé, négligent Permissif, indulgent
Faible
Source : Adapté de Maccoby et Martin, 1983,
figure 2, p. 39.
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