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Les débuts de la vie et l’enfance 203
selon les recherches, est le plus dommageable. Voyons en suivant ses progrès, en assistant aux réunions de parents,
brièvement ce que donnent ces quatre styles parentaux. en parlant aux enseignants, etc. Les enfants dont les parents
au style démocratique ne participent pas à la vie scolaire ne
Le style autoritaire réussissent pas aussi bien, et il en est de même des enfants
Pour reprendre l’exemple de l’enfant qui ne veut pas aller au dont les parents s’investissent énormément dans les activi-
lit, le parent qui réagit à ce refus en imposant son pouvoir tés scolaires sans avoir un style démocratique. C’est la com-
physique, social et émotionnel à l’enfant affiche un style binaison du style démocratique et de l’investissement des
parental autoritaire (beaucoup d’attentes et d’encadrement, parents dans la démarche scolaire de l’enfant qui donne les
peu d’affection et de communication). En général, les enfants meilleurs résultats (Steinberg et autres, 1992).
élevés par des parents au style autoritaire ont de moins bons
résultats scolaires, une plus faible estime de soi et de moins Le style désengagé et négligent
bonnes habiletés sociales avec leurs pairs que les enfants Les parents désengagés ne se soucient pas d’établir une
provenant d’autres types de familles. Certains sont renfer- heure de coucher pour l’enfant ni de lui dire d’aller se cou-
més ; d’autres se montrent très agressifs ou donnent des cher. Ils semblent complètement indifférents au comporte-
signes indiquant qu’ils ont du mal à se maîtriser. Ces effets ment des enfants et aux responsabilités parentales. Les
ne se limitent pas à l’âge préscolaire, comme l’a montré une résultats les plus négatifs sont associés à ce style parental
série d’études longitudinales portant sur plus de 6 000 jeunes désengagé ou négligent. Nous l’avons vu au chapitre 5, à
du secondaire (Dornbusch et autres, 1987 ; Lamborn et autres, propos des déterminants de la qualité de l’attachement
1991 ; Steinberg et autres, 1995 ; Steinberg et autres, 1994 ; (p. 145), l’une des caractéristiques familiales courantes chez
Steinberg et autres, 1992 ; Steinberg et autres, 2006). Ces les enfants qui ont un attachement de type évitant est la
études révèlent que, généralement, les adolescents provenant non-disponibilité émotionnelle de la base de sécurité paren-
de familles au style autoritaire ont de moins bons résultats tale. Celle-ci n’a pas établi un lien profond avec son enfant
scolaires et ont un concept de soi plus négatif que ceux qui parce qu’elle souffre de problèmes de santé mentale (dépres-
ont grandi dans des familles au style démocratique. sion, toxicomanie, etc.) ou parce qu’elle est submergée par
d’autres problèmes ou accaparée par des activités qui lui
Le style permissif plaisent davantage. Quelles que soient les causes de cette
Les parents au style permissif répondent au refus d’un attitude parentale, les enfants qui la subissent ont des rela-
enfant d’aller au lit en lui permettant de se coucher au tions sociales problématiques, et ce, pendant des années.
moment qui lui convient. Les études précédemment citées Ainsi, à l’adolescence, les jeunes élevés par des parents de
indiquent aussi qu’en général, les adolescents élevés par des style désengagé se distinguent par des comportements plus
parents au style permissif réussissent un peu moins bien à impulsifs et antisociaux, de moins bonnes habiletés sociales
l’école. Ils sont plus enclins à l’agressivité (surtout si les avec leurs pairs et un intérêt beaucoup plus faible pour
parents se montrent permissifs à cet égard) et manquent la réussite scolaire (Block, 1971 ; Lamborn et autres, 1991 ;
de maturité dans leurs comportements avec les pairs et à Pulkkinen, 1982).
l’école. Ils assument moins de responsabilités et se montrent
moins indépendants. Le style parental d’un enfant à l’autre
Jusqu’à récemment, la plupart des psychologues présu-
Le style démocratique maient que, si un enfant avait des parents au style autori-
Les parents au style démocratique (beaucoup d’attentes, taire, il en allait de même pour les autres enfants de la
d’encadrement, d’affection et de communication) répondent maisonnée, et qu’on pouvait s’attendre à ce qu’ils acquièrent
à des comportements indésirables comme le refus d’un des habiletés, des forces et des faiblesses, voire des person-
enfant d’aller au lit en réitérant fermement leurs exigences nalités, similaires. On sait aujourd’hui que les deux parties
sans imposer leur pouvoir à l’enfant. Les résultats les plus de ce postulat sont erronées. Non seulement les enfants
positifs sont associés à ce style parental. En général, les élevés dans une même famille se développent différemment,
enfants élevés par des parents qui fixent et appliquent des mais le système familial, et peut-être même le style parental,
règles claires tout en répondant à leurs besoins individuels peut différer d’un enfant à l’autre.
ont une meilleure estime de soi et sont plus indépendants ; Certaines des données les plus convaincantes sur la question
ils sont aussi plus enclins à répondre aux exigences de leurs proviennent de diverses études réalisées en Angleterre et
parents et à se montrer plus altruistes. Ils ont confiance aux États-Unis par Judy Dunn (Deater-Deckard et autres,
en eux, visent la réussite scolaire et ont de meilleures notes 2002 ; Dunn et McGuire, 1994). Dunn a constaté que les
(Crockenberg et Litman, 1990 ; Dornbusch et autres, 1987 ; mêmes parents pouvaient manifester chaleur et fierté à l’un
Steinberg et autres, 1989).
de leurs enfants, et froideur et mépris à l’autre, comme ils
Les parents démocratiques sont beaucoup plus enclins à pouvaient se montrer indulgents avec l’un et sévères avec
s’investir dans les activités scolaires de leur enfant, notamment l’autre. Voici un exemple des observations de Dunn, qui
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