Page 22 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
Un jour, tu te retrouve devant une compression de
personnel. Devant la maladie, ou autre chose qui fait que
tu te retrouves au chômage, avec toujours les mêmes
factures à payer.
Une femme, une famille qui n'accepte pas parce que ça ne
correspond pas à l'avenir, à la vie dans laquelle elle s'est
projetée.
Et quand un appareil ne fonctionne plus, on le jette.
Et te voilà dehors, après maintes disputes, maints
déchirements, pour une multitude de raisons.
Parce qu'un accident s'est produit dans ta routine, dans ta
vie, un qui ravage tout ce que tu as construit, parce que la
vie te souriait trop. Et voilà. Plus d'adresse donc plus
d'allocations, c'est la dégringolade et pas moyens de
retrouver du travail.
Tu dois te recycler, mais dans quoi ?
De toute façon, il te faut une adresse pour postuler à un
emploi. Seulement pour avoir un logement, il te faut avoir
un travail, c'est le cercle vicieux.
Ça fait 1 ans que j'erre dans la rue, dans les foyers
d'hébergement, que j'essaie de m'accrocher pour freiner
la chute.
Le soir venu, je vais me réfugier dans une petite cave
d'immeuble, au cœur de Paris. Dans une cave peu
fréquentée par les locataires, une cave toute proprette.
J'y ai organisé une architecture en cagettes et en cartons.
Voilà 3 mois que je vis dans cette cave, comme un rat.
À ce que j'ai compris, cette cave appartient à la vieille du
6e étage. Elle ne descend jamais ; pensez, à 85 ans, et en
plus atteinte d'Alzheimer !
C'est sa fille qui fait ses courses, une fois par semaine, qui
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