Page 13 - Des ailes pour le Brésil
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Au moment du plongeon fatidique, j’admirais avec attention
notre professeur de natation qui avait tous les charmants attraits
d’une nageuse envahissant à cette époque les écrans : Esther
Williams.2 Dans Dangerous When Wet (1953), elle avait trois
partenaires masculins : Tom and Jerry et son futur époux Fernando
Lamas.
Esther Williams
Le cinéma était notre principale source de distraction, les films
de guerre et les westerns étaient nos favoris en langue espagnole au
Chili.
Seul, enfermé à double tour dans la salle de bains, je me
prenais pour un pilote de chasse et je mimais bruyamment les tirs
des mitrailleuses dans les combats du ciel, entre les deux avaient les
plus emblématiques de la guerre : le Spitfire et le Messerschmitt
B.F.109.
Je jouais à la guerre.
L’air et les ailes jouaient un très grand rôle dans mon imaginaire.
C’était ma façon de participer à la guerre.
J’avais du mal à supporter que nous fussions un pays défait
après avoir rendu nos armes aux troupes allemandes.
En 1945, suite à une grave diphtérie, doublée d’une
pneumonie, ma mère m’a envoyé en montagne comme on m’aurait
envoyé dans les Alpes si j’avais vécu en France.
Je me suis retrouvé à deux heures d’autobus de Santiago, dans
la Cordillère des Andes, dans une sorte de pension de famille du
nom de Nido d’Aguilar (nid d’aigle), tenue par un couple de
protestants américains.